10/07/2011
Boukhara (première partie)
Autour du grand bassin Liab-i-Khaouz (creusé en l'an 1602), s'élèvent deux madrasas et une khanaka (un bâtiment-hôtel réservé exclusivement aux derviches, qui étaient un peu les moines de l'époque)
C'est là que bat le cœur de la ville.
Ville étape de tout premier ordre sur le trajet des caravanes de la Route de la soie , Boukhara fût aussi un grand centre religieux (elle est d'ailleurs l'une des villes saintes de l'Islam sunnite), au point qu'on la surnomma « la perle de l’Islam ».
On venait ici des quatre coins du monde musulman pour y commercer, admirer les prouesses architecturales, ou recevoir dans l'une des centaines de madrasas que comptait la cité l’enseignement des plus grands professeurs.
Ville oasis au milieu du désert de Kyzyl Kum, Boukhara se situe à mi-chemin entre La petite Khiva, ville-musée, et la monumentale Samarcande, défigurée par quelques boulevards à la soviétique, qui manquent de petites ruelles animées où flâner entre deux merveilles.
Pour cette raison, c’est à Boukhara qu’il est le plus agréable de s’attarder, car elle possède à la fois des mosquées et madrasas monumentales, mais également une vieille ville authentique, vivante et tortueuse, au charme éminemment oriental.
C'est également à Boukhara que le voyageur trouvera le choix le plus complet d'artisanat local...
Les rues de Boukhara sont ponctuées de "coupoles marchandes" où l'on s’échangeait, à l'abri du soleil, les richesses caravanières
Au petit matin, ces passages sont déserts...
Le portail de la Madrasa Nadir Divanbeg (1630), qui borde le grand bassin Liab-i-Khaouz, nous offre une des plus étonnantes mosaïques de Boukhara : Les deux oiseaux fantastiques (les sémourgues, qui représentent le bonheur et la justice) ainsi que le soleil à visage humain, renvoient à une évidente influence zoroastrienne, entorse (mesurée) aux canons musulmans interdisant la figuration !
La coupole des changeurs (1538)
La khanaka Nadir Divanbeg a été construite à la même période que la madrasa éponyme qui lui fait face
La coupole des chapeliers
Boukhara, dont l'histoire remonte à l'antiquité (Alexandre le Grand est passé par là !), a connu deux âges d'or : Du premier (du IX au Xème siècle), ne subsistent aujourd'hui que trois ou quatre monuments dont le fameux minaret Kalon, symbole de la ville. C'est aussi à cette époque qu'étudia puis enseigna le grand Avicenne, dont on dit qu'il maîtrisait à 18 ans toutes les sciences connues !
Au début du XIIIème siècle, Gengis Khan passa par là à son tour, et comme à son habitude, anéanti pratiquement toute la ville. Tamerlan, au XIVème, ne fut lui non plus pas très tendre avec la cité concurrente de sa grande capitale Samarcande !
Après presque trois siècles de domination, Boukhara releva de nouveau la tête et vécu son second âge d'or. Les monuments qui nous découvrons aujourd’hui datent de cette fastueuse période qui perdura du XV au XVIIème siècle.
L'ensemble Poi-Kalon est le plus impressionnant de la cité. Il est constitué en premier lieu de l'imposante Mosquée Kalon (1514), flanquée de son célèbre minaret qui date, lui, de 1127.
A gauche sur les images, faisant face à la mosquée, se dresse l'imposante Madrasa Mir-i-Arab (1535), qui fut la seule du pays à être autorisée, sous l'Ere soviétique, à dispenser un enseignement religieux ! C'est encore le cas de nos jours et elle n'est donc pas accessible au public...
Au fond, la Madrasa Amir Alim Khan, semblent bien minuscule à côté de ses imposantes voisines !
Le Minaret Kalon, symbole de Boukhara, est l'un des plus anciens monuments de la ville (1127). Il a même survécu au passage du redoutable Gengis Khan. Si d'aucuns affirment que ce dernier fut impressionné par l'ouvrage (normal !), il est fort à parier que sa clémence fut plutôt le fait d'un calcul stratégique : Du haut des 48m, on pouvait voir à des kilomètres à la ronde !
Le portail de la Mosquée Kalon
(Boukhara, juin 2011)
La Mosquée Kalon, seconde du pays par la taille (un rectangle de 130x80m qui répond au Nombre d'Or) compte sept portes et 288 coupoles : Elle pouvait accueillir jusqu'à 10000 fidèles... soit pratiquement toute la population de la ville !
Depuis la cour de la mosquée, on découvre les deux coupoles de la madrasa qui lui fait face
Le grand dôme de la Mosquée Kalon
Une des ailes de la mosquée
Vente de vaisselle aux abords du site
La Madrasa Mir-i-Arab
Le Minaret, qui avait "perdu" son chapeau lors d'un tremblement de terre en 1970, a vite été restauré.
La "Kosh madrasa" se trouve à peine à cent mètres de l'ensemble Poi-Kalon. Le mot "kosh" correspond en fait à deux madrasas qui se font face : Ici celle d'Abdul Aziz Khan, à droite, qui date de 1654 et celle d'Oulough Beg, de 1417, à gauche.
Oulough Beg, grand astronome, à la fois petit fils et successeur de Tamerlan, fut aussi l'un des bâtisseurs les plus actifs de l'époque ...
La Madrasa d'Oulough Beg
La Madrasa d'Oulough Beg, dont les proportions et la savante sobriété de la décoration en font un bel exemple de l'architecture médiévale boukhare.
Les madrasas et mosquées de la ville (hormis deux ou trois) se sont toutes offertes aux "marchands du temple". C'est quelquefois rageant, car cela défigure quelque peu le cadre et gâche souvent une atmosphère bien particulière, plus propice à la méditation, à l'apprentissage ou à la prière qu'au marchandage de tapis !
Heureusement, certaines, moins courues des touristes, attirent également moins de camelots...
L'Asie centrale est réputée, entre autre, pour ses miniatures
Face à la Mosquée d'Oulough Beg se trouve la très originale Madrasa Abdul Aziz Khan, reconnaissable avec sa décoration de stalactites multicolores récemment restaurée.
Elle fut construite deux cent ans après celle d'Oulough Beg et l'on perçoit facilement l'influence indienne et chinoise des artisans auxquels le khan fit appel.
A SUIVRE : Boukhara (I) et Boukhara (II)
18:18 Publié dans ouzbékistan, Voyage | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : balade ouzbéke, boukhara
Commentaires
Très intéressant et ma-gni-fi-que, tout simplement !
Un vrai dépaysement vers ces routes millénaires et pourtant méconnues, à mon humble avis.
Écrit par : Sylvie T. | 12/07/2011
Merci beaucoup Sylvie pour ce très gentil témoignage ;)
Écrit par : pat | 12/07/2011
Patrick
Vous me faites rêver et voyager avec vos récits et vos photos qui sont d'une grande beauté! Merci pour ce partage! C'est magnifique! Vos posts sont toujours très intéressants!! Je vous souhaite encore de très beaux voyages! Merci merci merci!
Écrit par : Bonita | 26/07/2011
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