13/05/2012
Angkor Thom, la royale cité
Si le temple d'Angkor Vat peut-être considéré comme l'aboutissement de l'art Khmer classique, la Cité royale d'Angkor Thom marque, elle, par sa taille, sa puissante complexité et son symbolisme, l'apogée de cette civilisation unique.
Le Bayon, ce merveilleux temple aux 216 visages géants qui trône en son centre sera d'ailleurs le dernier monument d'envergure édifié à Angkor. Nous sommes au début du 13éme siècle, et l'empire khmer n'a plus que quelques dizaines d'années glorieuses à vivre : la dernière inscription connue (sur l'ensemble du site archéologique) date de 1327 !
C'est Jayavarman VII, monarque hors du commun et au fait de sa puissance, qui s'attellera à cet aménagement "pharaonique". C'est en quelque sorte le Louis XIV Khmer!
Après une courte période (1177-1190), durant laquelle les ennemis Chams ont envahi et mis à sac l'empire, le souverain reprend le dessus. Entre 1190 et jusqu'à sa mort, en 1219 (donc en moins de 30 ans), il va aménager sa capitale et entreprendre la construction de nombreux temples dont Banteay Kdei, Preah Khan et Ta Prohm !
On estime qu'à cette époque le nombre d'habitants avoisinait le million, faisant d'Angkor la plus grande ville du monde !
Quand il choisit l'emplacement de sa capitale, le site est déjà occupé par des monuments plus anciens, tels le Phimeanakas et le Baphûon. Jayavarman VII va s'en accommoder, les rénover et les inclure dans son projet impérial.
La Cité Royale se situe dans un quadrilatère d'environ 3km de côté, entouré de douves de 100 mètres de large. Cinq chaussée-digues les enjambent, dont quatre situées aux points cardinaux.
La cinquième, surnommée "porte de la Victoire", est aménagée au nord-est. Comme elle mène devant les terrasses du Palais Royal, on imagine qu'elle servait à un usage cérémoniel lors des fêtes religieuses, le passage du roi ou celui des défilés... victorieux !
Passé les gopuras (les "portes" de la ville), quatre routes d' 1,5 km conduisent au Bayon, le coeur de la cité (et donc, symboliquement, de tout l'Empire).
Les portes d'Angkor Thom
On doit également à Jayavarman VII l'introduction du Bouddhisme dans le royaume. Les tours à quatre visages en sont l'un des symboles les plus emblématiques
Chaque pont est bordé par 108 géants qui portent le nâga . D'un côté 54 génies (les "bons"), et de l'autre 54 démons...
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(Angkor Thom, février 2012)
Une large esplanade de 500 mètres de long fait face à la Terrasse des Eléphants. C'est ici qu'avaient lieu les grandes cérémonies et les défilés
La Terrasse des Eléphants
C'est donc du haut de cette terrasse d'apparat, longue de 300 mètres, que le roi assistait aux manifestations publiques. On imagine les centaines d'éléphants harnachés faisant face à leurs congénères sculptés dans le grès !
Derrière s'étendait le Palais Royal dont il ne reste rien...
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(Angkor Thom, février 2012)
La Terrasse du Roi Lépreux
Cette terrasse, qui se trouve dans le prolongement de celle "des Eléphants", est plus haute mais nettement moins large. Derrière la façade apparente court une galerie, elle aussi totalement recouverte de sculptures représentant tout ce que le panthéon hindouiste compte de divinités.
Les archéologues avancent que le tertre qui la surplombe servait de lieu d'incinération "royal"...
Le Phiméanakas
Ce petit temple (38 x 25 métres) est antérieur à l'aménagement d'Angkor Thom et date de la fin du Xème siècle. Plusieurs fois restructuré, puis inclus dans l'enceinte du Palais Royal, il a sans doute servi de temple "privé" aux souverains succéssifs...
Le Baphûon
Le Baphûon, construit au XIème siècle, était un temple d'Etat dédié à Shiva.
Il était dans un état de ruine avancée quand, à partir de 1908, l'Ecole française d'Extrême-Orient eut en charge de le dégager et de le consolider. La structure du temple se relevant toujours aussi instable, il fut décidé au début des années 1960 de le "démonter" pierre par pierre afin de le reconstruire sur une base saine.
Malheureusement, la guerre civile, puis le conflit indochinois, interrompirent les travaux et les archives consignants les 300000 pierres numérotées partirent en fumée !
C'est en 1995 qu'une équipe française releva le défit de "remonter" le temple, "inauguré" en juillet dernier, après 15 ans de travaux !
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Le Baphûon a une autre particularité : son Bouddha couché (long d'une soixantaine de mètres) encastré dans l'une de ses parois, probablement au 15ème ou au 16ème siècle, donc bien plus tard !
Un ajout qui à dû considérablement compliquer la tâche des restaurateurs...
Le visage du Bouddha
Une courte vidéo (1,40 min) qui montre une reconstitution en 3D du Baphûon du temps de sa spendeur
10:25 Publié dans Angkor (et alentours), Laos -Cambodge | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : angkor thom, phimeanakas, baphuon
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