14/07/2010
L'Hippodrome de Byzance ou de Constantinople (au choix)
Il y a tout juste deux mois, je découvrais Istanbul.
Je n'avais encore rien écrit à ce sujet pour trois raisons. D'une part, ce séjour s'étant déroulé à la même période que mon voyage en Roumanie, je ne voulais pas désorienté le lecteur. D'autre part, le projet me parraissait assez délicat si je commencais à mettre un doigt dans l'engrenage passionnant de l'Histoire de cette cité, unique entre toutes. Enfin, devant tant de merveilles mille fois racontées par d'autre, je doutais (à juste titre) de pouvoir apporter à mon propos quoi que ce soit de bien original.
Nobobstant ces considérations, et faisant fi d'icelles, je décide pourtant de me lancer enfin...
J'espère me faire ainsi plaisir, mais aussi de vous le faire partager.
Pour commencer ce petit voyage à travers les siècles, le choix de l'Hippodrome m'est apparu le plus opportun : La place At Meydanı (la Place aux Chevaux) est aujourd'hui, a n'en point douter le centre névralgique du tourisme de masse en Turquie.
Outre les (rares) vestiges même de l'ancien hippodrome, cette longue promenade au coeur du quartier de Sultanahmet est bordée à l'est par la majestueuse Mosquée Bleue, au nord par la vénérable Basilique Sainte-Sophie et l'impressionnante Citerne souterraine.
Quatre des plus fameux monuments de la ville dans un même lieu ! : je vous laisse imaginer le nombre de parapluies multicolores de guides inquiets de perdre leur troupeau parfois hagard, les commentaires hurlés dans toutes les langues ainsi que l'incessant ballet des bus climatisés. Vous avez maintenant une image de l'ambiance torride (dans tout les sens du terme, sous ce beau soleil de printemps !)
Mais j'ai également choisi la Place de l'Hippodrome car c'est là le premier monument construit par Septime Sévère (en 203) , juste après que ce dernier ai presque totalement rasé la ville, après un siège de trois longues années. Byzance, ancienne colonie grecque, avait alors déjà presque mille ans ! .
Septime Sévère donc, conscient de l'importance stratégique de la ville, mais aussi poussé par son fils Caracalla, décide de rebâtir la ville et de la doter de tout les attributs architecturaux de l'époque, à commencer par un hippodrome, véritable coeur de la cité, où se déroulent à la fois les jeux (pour distraire le bon peuple) mais également les grandes cérémonies officielles (pour assoir un peu plus le pouvoir !).
De cet hippodrome originel, il ne reste plus aujourd'hui que trois monuments qui ornait alors la "spina" (le terre-plein central autour duquel tournaient les chevaux, dans le sens opposé des aiguilles d'une montre !) : L'Obélisque de Thoutmôsis III, l'Obélisque Muré et la Colonne Serpentine, que nous découvrirons dans de prochains posts.
Je ne pouvais pas terminer cet article sans évoquer l'incroyable histoire des Chevaux de bronze de Constantin, plus connu sous le nom de "Chevaux de Saint-Marc". Le quadrige antique, que l'on date du II siècle, ornait à l'origine l'hippodrome qui nous occupe aujourd'hui. En 1204, lors de la Quatrième croisade, les vénitiens s'en emparent et l'installent sur la façade de la basilique Saint-Marc de Venise.
En 1797, à l'issue de sa Campagne d'Italie, Napoléon Bonaparte rapporte les quatres chevaux dans ses valises ! Ils seront d'abord placés sur les grilles des Tuileries, puis au sommet du tout nouvel Arc de Triomphe du Carrousel (édifié de 1807 à 1809).
En 1815, à la chute de l'Empereur, les chevaux feront leur dernier voyage, de nouveau vers Venise...
De nos jours, ce sont des répliques du fameux quadrige qui trônent sur le Carrousel de Paris ainsi que sur la façade de Saint-Marc : Les originaux se reposent eux enfin, après cette longue course , à l'intérieur de la superbe Basilique... (voir mon post de décembre 2008)
17:07 Publié dans istanbul | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : voyage à istanbul
Commentaires
Bonjour Patrick,
C'est déjà, et cela promet de continuer à être suprêmement intéressant : je serai donc au rendez-vous pour la suite.
J'ai une petite requête à vous adresser : auriez-vous l'amabilité - soit ici, soit à mon adresse personnelle - de m'indiquer l'origine (le bouquin, je présume ?) des deux documents de reconstitution : celui à propos de Byzance au IVème siècle et celui de l'hippodrome de Constantin ?
Merci d'avance.
Écrit par : Richard LEJEUNE | 15/07/2010
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