08/02/2010
Le temple Swayambhunath à Katmandou
Derrière ce nom un peu barbare se cache l'un des plus anciens sites religieux du Népal.
Le temps m'étant compté, je devais choisir entre visiter ce "temple" à l'ouest de Katmandou, ou celui de Bodnath à l'est, dont le stûpa est l'un des plus grands du monde (40m de haut et presque 100m de diamètre !)
J'ai vite choisi le premier parce qu'il était d'une part le plus près (3km du centre : facile à pied !), mais surtout pour sa situation privilégiée au sommet d'une colline verdoyante et peuplée de singe ! (photo ci contre)
Double occasion pour moi de prendre un peu de hauteur !
J'avoue qu'en parcourant les petites ruelles animée qui m'amenaient jusqu'au pied du sanctuaire, je me préparais déjà à n'être pas estomaqué par ce que j'allais découvrir : J'avais alors en tête, entre autre, l'image des sublimissimes pagodes Shwedagon et Shwezigon découvertes en Birmanie l'hiver dernier, et je me doutais bien que rien de ce qui m'attendait ne pourrait résister à la comparaison !
Mais bon, toutes les pyramides ne s'appellent pas Chéops ni Versailles tout les châteaux et il me revenait donc de découvrir ici quelques-uns des nombreux particularismes attachés à la dévotion des fidèles, et qui ne se mesurent pas seulement (fort heureusement) en kilos d'or !
Une fois la grande enceinte passée, on entre dans un monde tout de symboles, à commencer par les 365 marches (que je n'ai pas compté !) qui mènent en haut de la colline. Déjà, partout, des moulins à prières, que l'on trouve abondamment au Tibet et au Népal ; Et déjà des hordes de singes à la recherche de leur pitance.
L'ascension se fait au milieu de petits stûpas peints en blanc et de monumentales représentations de Bouddha nettement plus colorées. Dans les arbres, les guirlandes de petits drapeaux flottent au vent.
Arrivé au temple, trois choses me surprennent d'emblée : La première est que personne ne se déchausse (ce qui est pourtant bien souvent la règle) ; La seconde est la présence de "marchands du temple" à l'intérieur même du sanctuaire ; Enfin, c'est le "mélange" étonnant de représentations hindouistes et bouddhiques dans un même lieu de prière. En effet, ce lieu initialement voué à la gloire du Bouddha s'est ouvert avec le temps au panthéon des admirateurs de Shiva, Krishna et autre Ganesh, comme cela semble être souvent le cas au Népal...
Des dizaines de petits oratoires sont dispersés tout autour du grand stûpa (un peu caché par les échafaudages, rénovation oblige !). Sur les quatre faces de ce dernier on découvre les fameuses paires d'yeux, symbole récurrent au Népal : C'est la représentation du regard que pose Bouddha sur le monde. Il n'y a pas de bouche, car si le Bouddha voit tout, ...il ne parle pas !
La base du stûpa représente la terre, la coupole l'eau, la tour le feu, et la couronne l'air. La partie supérieure de la tour carré qui portent les yeux est composée de treize degrés qui représentent le chemin vers "l'éveil"... Tout est symbole vous dis-je !
Les moulins à prières sont toujours bien présents. Les fidèles, dont le flot s'écoule dans le sens des aiguilles d'une montre tout autour du stûpa central, les font tourner dans le même sens (et de la main droite). C'est en fait le sens dans lequel sont écrits les mantras (formule condensée formée d'une série de sons répétée de nombreuses fois suivant un certain rythme (sic!) qu'ils referment, leur permettant ainsi de "s'envoler" dans les airs et dans les meilleurs conditions à chaque tour.
Je redescend de la colline par un autre chemin, toujours accompagné des singes. Arrivé en bas, je retrouve le long mur qui ceint le site, avec ici et là l'étrange vision de moulins (surement très bien huilés) qui tournent encore, lentement, alors que plus aucun fidèle n'est à l'horizon...
17:12 | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : népal
06/02/2010
Une laïcité toute religieuse
C'est à y perdre son hindi !
Que ce royaume soit remplacé en 2008 par une République, soit ! C'est un peu dans l'ordre des choses et l'air du temps.
Mais que le Népal, qui était le seul Etat au monde à avoir l'hindouisme pour religion officielle devienne "laïque" en 2006, c'est bien plus étonnant !
Il s'agit bien sûr là d'un choix "politique", car la religion et la spiritualité restent ici intimement liés à la vie sociale ...et quotidienne. Le sacré est omniprésent et il semble exister un dieu pour pour chaque chose !
L'hindouisme, la religion la plus présente, est pratiquée par environ 80% de la population (que l'on désigne comme "indo-népalaise"). Les "tibéto-népalais" sont eux 11% à pratiquer le bouddhisme.
Vient ensuite l'islam (4,5%), puis le cas particulier des Kiranti (3,5% de la population, soit un million de personnes) qui ont à la fois leur propre religion et leur propre langue (toutes deux d'origines tibéto-birmane).
J'aurais bien du mal à vous expliquer les us de l'hindouisme tel qu'il est pratiqué dans la sphère publique des temples et des rues. C'est un mélange de prières (parfois de chants, de lectures), de dons divers (fruits, fleurs, plantes, herbes, riz, monnaie, etc...), d'onguents (souvent rouges) appliqué un peu partout, d'encens, d'ablution, de feu et de sons de cloche !
Ce sont ces derniers qui m'ont le plus étonné (et réjoui). On trouve en effet des cloches (et plus souvent des clochettes) sur presque chaque autel (dans la rue) et à chaque coin de temple : Les fidèles s'arrêtent pour un (parfois très bref) moment de prière puis font tinter le bronze !
Il est à noté enfin que, contrairement à leurs voisins indiens qui on aboli le sacrifice animal , les hindouistes népalais continuent à le perpétuer lors de certaines fêtes...
06:48 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : népal
04/02/2010
Durbar Square
Un peu d’histoire :
Bien qu’il existe des traces millénaires de l’occupation de la vallée, c’est à partir du 16ème siècle que s’est développée Katmandou, telle qu’on la découvre aujourd’hui à travers son centre historique.
L’accès au Royaume fut interdit aux étrangers jusqu’en 1951 !
C’est à partir de cette date que les premiers hippies commencèrent à confluer vers ce pays pratiquement vierge de toute « modernité » !
Après des années d’instabilité, d’âpres luttes de pouvoirs, une guerre civile (1996) qui fit 13000 morts et le massacre perpétré en 2001 par le prince héritier (qui élimina 10 membres de la famille royale dont ses parents les souverains !), la monarchie sera définitivement abolie en 2008…
On trouve des « Durbar Square » dans les trois principales villes de la vallée. Ces places (au sens large du terme) étaient à la fois le centre politique et religieux (et donc historique aujourd’hui) de la cité, où se mêlaient sanctuaires, résidences royales, marchés et enclos à éléphants !
Les dizaines de temples (petits ou grands, en briques ou en pierres, carrés ou rectangulaires, à deux, trois ou quatre toits superposés) sont dédiés aux innombrables divinités composant le panthéon hindouiste. Ils abritent des sanctuaires de quelques mètres carrés où les Népalais viennent accomplir la puja, acte religieux visant à honorer le dieu au moyen d'offrandes.
Le Kumari Bahal se dresse sur la place. Cette belle demeure de brique et de boiseries finement sculptées est depuis des siècles la maison d’une déesse vivante ! Personnifiée par une jeune vierge, la Kumari est en effet considérée comme l’incarnation de la déesse Taleju.
La jeune fille reste cloîtrée dans son petit palais durant plusieurs années (on ne la « sort » en procession qu’à l’occasion des grandes fêtes religieuses) jusqu’au moment de sa puberté … où une nouvelle vierge prend alors sa place !
Les anciennes Kumari, jadis adulées, se retrouvent du jour au lendemain presque ostracisées : Elles ont même des difficultés à trouver un mari car, selon la tradition populaire, épouser une ancienne Kumari porterait malchance…
À quelques pas de là se trouve l’ancien palais royal (Hanuman Dhoka) qui, maintes fois remanié depuis le XVIIe siècle, reste un bien curieux mélange avec sa façade blanche toute « victorienne » et ses toits et ses cours traditionnels !
Devant l’entrée principale du palais trône sous un dais Hanuman, le dieu-singe. Drapé d’une longue cape rouge, on ne devine même plus son visage, perdu qu’il est sous l’épaisse couche de pâte rouge appliquée depuis des lustres par les fidèles…
Le charme incroyable qui se dégage ici (malgré les pollutions d’engins motorisés !) réside dans le fait que ce complexe n'est ni « sanctuarisé » ni « ripoliné » : La population continue donc d'en occuper librement tout l’espace, des porches aux gradins, vaquant aux même tâches quotidiennes qu’il y a des siècles…
19:09 | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : népal
02/02/2010
Katmandou, la Cité glorieuse
Katmandou est située au coeur d'une vaste dépression qui porte son nom : la Vallée de Katmandou, qui s'étend de 25 km d'est en ouest et d'environ 20 km du nord au sud. Son altitude moyenne se situe à 1 300 mètres.
Katmandou porte aussi le nom de Kantipur : La cité glorieuse.
La capitale du Népal offre au premier abord le visage d'une ville sale et assez délabrée (ce qu'elle est certainement...). Les détritus, mis en tas au bord des rues, sont juste brûlés, donnant ainsi une odeur âcre au petit matin !
Ici pas de poubelles ou de sacs à ordures : Les vaches (mais pas tant que cela), les chiens et les poules s'en donnent à coeur joie pour y dénicher leur pitance.
Les rues cahoteuses sont encombrées de motocyclettes, de scooters, de rickshaws et de vieilles automobiles : Le concert de klaxons et de clochettes règle la circulation !
Hérités de l'Inde qui n'en veut plus, de gros camions Tata déglingués, parés de dessins aux couleurs flamboyantes, soulèvent sur leur passage des nuages de poussière qui vont mourir au-dessus des étals de fruits et de légumes.
Ici, on roule à gauche, à la manière britannique...
Pourtant, malgré le bruit, les senteurs et la pollution, le charme opère.
Cette ville pauvre démunie de tout superflu, nous offre "sa"vie" : Une fresque absolument incroyable, saturée de sons, de couleurs et de mouvement.
20:40 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : népal