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01/08/2010

La Basilique Sainte-Sophie, joyau de l'art byzantin

 
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(Le Christ Pantocrator, sublime mosaïque du 13ème siècle ; basilique Sainte-Sophie, 15 mai 2010)

Sainte-Sophie est l'un des plus incroyables monuments qu'il m'ait été donné de visiter.

Si l'on considère à la fois son ancienneté (près de quinze siècles), sa taille impressionnante (sa nef mesure 70 mètres sur 80 et sa coupole, de 32 mètres de diamètre, semble flotter 56 mètres au dessus du sol !) et enfin tout simplement le fait qu'elle soit encore debout aujourd'hui, seul le Panthéon de Rome (construit près de quatre siècles auparavant) peut raisonnablement lui être comparé... 

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(La Sainte-Sophie vue depuis Galata. les quatre minarets érigés au 15ème siécle apportent un peu de légèreté à l'édifice )

La Basilique, dont Justinien souhaitait qu'elle surpassa par la splendeur le Temple de Salomon, restera pendant presque mille ans le plus grand sanctuaire du monde chrétien...

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(Basilique, ou Mosquée, ou Musée Sainte-Sophie : au choix !!!)

Tout s'embrouille un peu pourtant pour le profane : Avec ses quatre minarets, Sainte-Sophie ressemble au premier abord à une mosquée, et pour cause : Mehmet II, à la prise de Constantinople en 1453, la convertie immédiatement au culte musulman (les minarets seront eux ajoutés par ses successeurs). 

Etonnement, c'est cette basilique chrétienne du VIème siècle qui va alors devenir le modèle de toutes les grandes mosquées de Constantinople, ...et au delà des frontières, de toutes celles du vaste empire ottoman... 

La basilique devenue mosquée sera transformée en musée en 1934, à l'instigation d'Attatürk

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(Istanbul, 15 mai 2010)
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L'histoire, si longue, de la basilique est bien évidemment mouvementée !

Constantin (encore lui !) commanda en 325 une première basilique consacrée à la "Sagesse Divine" ("Haghia Sophia", d'où son nom actuel). L'édifice, agrandi par son fils Constance brûle en 404. Reconstuit en 415 par Théodose, il brûle de nouveau pendant la sédition de Nika (en 532) dont je vous ai parlé dans le post précédent.

C'est de cette époque que date la "troisième version" de la basilique, celle que nous admirons encore aujourd'hui. Justinien et sa femme Théodora souhaite alors un monument magistral, qui n'aura rien à voir avec les précédents. L'empereur va à cette occasion casser sa tirelire (ainsi que celle de ses sujets, il va sans dire !).

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Rien en effet n'est assez beau pour mener à bien son pharaonique projet : Le marbre sera prélevé aux quatre coins de l'Empire, et moult temples fameux fourniront les dizaines de colonnes nécessaires : Athène, Ephèse, Delphes, Delos et jusqu'au temple d'Osiris en Egypte, aucun site ne sera épargné !  

L'innauguration de la basilique a lieu en 537.

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(C'est le jeu de demi coupoles soutenant la grande qui donne à l'ensemble cette incroyable légèreté)
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(Les dizaines de fenêtres , 40 pour la seule coupole centrale, apportent une incroyable lumière)

Les architectes Anthémios de Tralles et Isodore de Millet avaient peut-être vu un peu grand : La coupole, déjà fragilisée par des seismes en 553 et 557, s'effondre totalement en 558 ! C'est Isidore le Jeune (fils du premier) qui s'attelle à sa reconstruction, et qui pour l'occasion fera venir de Rhodes des briques encore plus légères...

La basilique subira encore de nombreux incendies et seismes : En 989, la coupole s'écroule de nouveau, ...et est de nouveau relevée.

Si l'architecture intérieur de la basilique n'a pas vraiment changé depuis le VIème siècle (seule la coupole a un peu "rétréci" au fil des effondrements !) il n'en est pas de même vu de l'extérieur : On peinerait même à retrouver le plan primitif de l'édifice tant les contreforts massifs et les arcs-boutants, ajoutés contre les murs à la suite des nombreux tremblements de terre successifs, en ont passablement alourdi la physionomie. 

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(L'immense narthex de la basilique)
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(Le minbar -La chaire de l'imam-, qui date du 18ème siècle)
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(Une longue rampe mène jusqu'à la galerie supérieure)
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(Istanbul, 15 mai 2010)

Déja impressionné par l'immense narthex, je ne suis pourtant pas au bout de mes surprises ! Cherchant à rejoindre les touristes que j'apperçois aux balcons, j'emprunte à mon tour la longue rampe (probablement préfèrée aux marches pour faciliter l'accès des cheveaux) qui débouche sur la galerie supérieure, large et lumineuse.

Cet incroyable espace en forme de U, tout en colonnes de marbre et mosaïques, court tout autour du narthex (sauf au niveau de l'abside). De là, on a un très joli point de vue sur l'immense nef, mais également vers l'extérieur, sur la ville et la mer de Marmara... 

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(L'immense gallerie supérieure était réservée à l'Impératrice et à la Cour)
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(Chapiteau ciselé, en marbre blanc, typique de l'art byzantin)
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(Istanbul, 15 mai 2010)
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(Sur les grands macarons recouvert de peau de chameau sont inscrits en lettre d'or les noms d'Allah, de Mahomet et des quatre premiers califes)   

Qui dit monument byzantin dit aussi mosaïques ! Et celles de Sainte-Sophie sont parmi les plus réputées...

Je ne m'aventurerais pourtant pas ici à en donner le détail, tant leur histoire est variée ...et un brin compliquée !

D'abord parce que ces mosaïques, réalisées au fur et à mesure des règnes successifs sont, selon leur époque, de facture abstraite ou figurative. Ensuite parce que durant la période iconoclaste , des empereurs (chrétiens donc) ont choisi de détruire,  ou pour le moins, de cacher nombre d'entre elles. Enfin parce qu'à l'époque ottomane, certains sultans n'ont eu de cesse d'éliminer ces représentations impies tandis que d'autres, à l'opposé, tentaient de discrètement préserver un témoignagne si hautement artistique !

Entre ces divers "recouvrements" de peinture ou de stuc, ces destructions volontaires (chrétiennes ou musulmanes) ou non (incendie, infiltration d'eau,..) ces mosaïques ont bien souffert et seul un spécialiste peut vraiment s'y retrouver !

Pour faire simple, disons que celles qui ont réussi à traverser toutes ces vicissitudes et que nous avons le loisir d'admirer aujourd'hui datent d'entre le 6ème et le 13ème siècle... 

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(Le Christ et Saint Jean-Baptiste -la Vierge est derrière la colonne-, mosaïque du 13ème siècle)
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(La Vierge et l'Enfant, première mosaïque de la période post-iconoplaste se trouve tout en haut de l'abside. Elle date de 867)
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(L'Archange Gabriel)
 
Malgré le bonheur dont j'espère avoir fait montre à l'évocation de ce lieu unique, je finirais néanmoins ce post par une impression un peu moins positive : Devenu musée, cette église (ou mosquée, au choix) semble avoir perdu au yeux des hordes de touristes polyglottes et pressés la dimension spirituelle qui fût la sienne durant près de quinze siècles !
Sans le moindre respect, on court et hurle ici comme dans un hall de gare (le bâtiment en a malheureusement le gabarit !), ce qui, après deux ou trois heures de visite devient, a proprement parler, vraiment insupportable...
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(Un hall de gare, vous dis-je !)

24/07/2010

La Citerne Basilique, cathédrale souterraine...

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(Istanbul, mai 2010)

Il est parfois un peu compliqué de s'y retrouver entre Byzance et Constantinople, et plus encore quant aux vestiges qui nous sont parvenus de cette époque

Pour être concis (!), disons que la cité s'appelle Byzance de 667 avant JC à 330 après JC, date à laquelle l'empereur romain Constantin Ier choisit d'en faire la capitale de son empire (L'unité de cet empire prendra fin en 395, à la mort de Théodose Ier et le partage du "monde romain" entre ses deux fils, Honorius et Arcadius. C'est ce dernier qui deviendra, à 18 ans, le premier Empereur romain d'Orient...

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(L'Empire romain en 395)

Depuis le 17ème siècle, c'est sous le terme "d'Empire Byzantin" que lon dénomera l'Empire romain d'Orient, et ce jusqu'à la prise de Constantinople par les ottomans en 1453.  

Des constructions majeures encore visibles dans l'Istanbul d'aujourd'hui, aucune n'est antérieure à 330, sauf peut-être l'Acqueduc de Valens dont la construction commença en 328 (!)

Les tremblements de terre et les incendies ont eux aussi passablement changé le visage de la cité. En 532, une révolte politique majeure (la Sédition Nika) marque un de ces tournants décisifs : Le trône de Justinien vacille et la ville, en proie aux flammes pendant trois jours, sera pratiquement rayée de la carte.

L'Empereur, en grande partie grace à l'énergie de son épouse Théodora, gardera finalement la main, et n'aura de cesse de reconstruire, à nouveau, sa capitale... C'est de cette époque que date la "troisième version" de la Basilique Sainte-Sophie, mais aussi celle du bâtiment qui nous interesse présentement...

En effet, à l'emplacement précis de la Citerne Basilique que nous pouvons visiter de nos jours, s'élevait une ...basilique : Non pas une basilique "religieuse", mais une basilique "civile" comme il en existait dans toute les villes romaines. Le bâtiment, généralement rectangulaire, couvert d'un toit supporté par de nombreuses colonnes était un peu comme une halle ou un marché couvert, et il s'y déroulait diverses activités de la cité.

En lieu et place de la basilique originelle, détruite par l'incendie de 532, Justinien décida de construire la plus grande citerne souterraine de la ville. C'est probablement, avec la Sainte-Sophie, l'une des plus impressionnantes réalisations de son règne.

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(Le plan de la citerne, avec ses 336 colonnes avec, à l'extrème droite, l'escalier de 54 marches qui y mène !)

Les superlatifs manquent à l'évocation de l'ouvrage, et l'on pourrait se noyer (!) devant les chiffres : 138 mètres de long sur 64 de large (soit plus qu'un terrain de football !) . Les arcs et les voutes en briques sont soutenus par 336 colonnes monolithiques (28 rangées de 12) de 8 mètres de haut. La contenance du bassin est d'environ 78 000m3 (soit 78 millions de litres d'eau ou 26 piscines olympiques !!!).

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(Une des colonnes "disparates" : Selon les sources, on décrit le motif comme étant l'écorce d'un arbre ou bien des larmes d'esclaves ayant souffert durant la construction de l'édifice...)

Malgré une merveilleuse homogénéité de l'ensemble, on se rend vite compte que les colonnes n'ont pas toutes la même origine, certaines étant de marbre d'autre de granit. De même pour les chapiteaux, corinthiens ou doriques, c'est selon : Il y a évidemment eu là, habitude dèjà millénaire, un sérieux travail de récupération !

Devant les risques d'affaissement, certaines parties de la citerne ont également été, au cours des derniers siècles, définitivement maçonnées...

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(Istanbul, mai 2010)

Il n'empêche qu'une fois descendu les marches qui mènent à ce joyau, l'impresssion est saissisante ; et malgré ce que j'ai pu lire ici et là, ce n'est pas tant le fond sonore (de musique classique) qui m'ait le plus gêné, mais bien l'assourdissant défilé de touristes, peu enclin à apprécier l'atmosphère presque mystique de ce palais englouti... 

Tout à l'opposé de l'entrée de la citerne on trouve ces deux colonnes qui ont pour base des têtes de Méduse (l'une des trois Gorgones, et la seule à être mortelle). Bien que personne ne connaisse précisément leur histoire, le fait que ces têtes soient toutes deux renversées indiquent à tout le moins une raison ésotérique à leur présence ici...

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(Citerne Basilique, Istanbul, mai 2010)
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La Citerne a été oubliée pendant des siècles, les Ottomans préfèrant l'eau courante à l'eau "croupissante".

Débarrassée de 50 000 tonnes de boue puis réaménagée à partir de 1985, elle fut ouverte au public en 1987...

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(Les poissons, bien souvent des carpes, étaient les meilleurs témoins de la qualité de l'eau. Ils nagent aujourd'hui pour distraire le touriste qui, comme malheureusement un peu partout autour du Monde, jette sa monnaie dans le fond du bassin...)

21/07/2010

L'Obélisque "muré"

L'Obélisque "muré" (où bien encore la Colonne murée)", haut de 32 mètres, se trouve à quelques mètres de celui de Thoutmôsis III.

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(Istanbul, mai 2010)

Il a probablement été érigé sous Constantin Ier au IVème siècle.

Constitué de pierres grossièrement taillées, il fut ensuite recouvert par Constantin VII Porphyrogénète (au Xème siècle) avec des plaques de bronze doré, décorées de scènes représentant des fermiers et des pêcheurs .

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(Istanbul, Mai 2010)

Ces plaques, tout comme les Chevaux de Saint-Marc, furent "prélevées" moins de trois cent ans plus tard par les vénitiens, après leur victoire sur Contantinople et le sac de cette dernière.

A l'issue de cette quatrième croisade (1202-1204) et la victoire du Doge de Venise naîtra un éphémère "Empire latin de Constantinople"...

18/07/2010

La Colonne Serpentine

Bien qu'amputé de plus d'un tiers de sa hauteur, l'Obelisque de Théodose I a vraiment fière allure comparé à la Colonne Serpentine qui, elle aussi, trônait sur la spina, au centre de l'antique Hippodrome de Contantinople... 

J'imagine aisément le nombre de touriste dédaigneux devant le triste morceau de métal !

Mais il en va des choses comme des Etres : On gagne à y creuser un peu plus ! (Je ne pouvais en outre me résoudre à croire que l'Empereur Constantin, l'homme le plus puissant de son époque, se soit entiché par hasard de ce qui semble n'être au premier abord qu'une maigre relique).

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(Tout comme les deux obélisques voisins, la colonne repose sur le sol de l'ancien hyppodrome, trois mètres environ en dessous de l'actuelle place At Meydani. Istanbul, mai 2010) 

C'est à l'issue d'une bataille contre les Perses à Platées (en 479 avant JC) que les 31 cités-état grecques victorieuses offrirent à Apollon cette offrande figurant le corps de trois serpents dont les têtes supportaient un trépied d'or. Cet or représentait la dîme (soit le dixième) du trésor prit aux Perses.

C'est en partie grâce aux noms de ces 31 cités gravés à la base de la colonne de bronze que l'on a pu identifier avec certitude l'origine et l'histoire de cette dernière...

Le monument, haut d'environ 9 mètres, se dressait à l'origine devant l'autel d'Apollon, à Delphes.

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(Reconstitution de la colonne et du trépied)

Quelques dizaines d'années plus tard, le trépied en or était fondu afin de payer les mercenaires d'une nouvelle expédition...

Lorsque Constantin fonda sa nouvelle capitale, Constantinople, il l'orna de divers "monuments" provenant de ces sanctuaires païens. La colonne qu'on lui rapporta en 326 n'avait donc plus son trépied en or mais encore, et pour longtemps, toutes ses têtes, comme on le découvre sur cette miniature ottomane de 1582.

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Les têtes disparurent donc au cours des siècles suivants : L'hypothèse la plus souvent avancée renvoie à la crainte des chrétiens, puis des musulmans, devant ce symbole païens qui leur évoquait sans doute le démon.

En 1848, lors de fouilles autour de la Basilique Sainte-Sophie, l'architecte Fossati récupéra par hasard la mâchoire supérieure de l'une d'entre elles, que l'on peut à présent admirer au Musée archéologique d'Istanbul.

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16/07/2010

L'Obélisque de Thoutmôsis III (et accessoirement de Théodose I)

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(Istanbul, mai 2010)

Les curieux qui auront parcouru quelque peu le précédent blog de mes quatre années passées en Egypte n'en douteront point : Je peux difficilement passer près d'un obélisque sans chercher à en savoir plus !

Si tant est qu'il soit en provenance d'Egypte, et plus encore d'avant la période Romaine !

On en décompte, dans ce cercle très fermé une petite cinquantaine, dont seulement 35 sont formellement identifiés. Sur ces 35, la moitié , soit 18, sont partis "agrémenter", dès le premier siècle, les places et les jardins de grandes capitales occidentales : 10 se trouvent en Italie (en majorité à Rome), 4 en Grande-Bretagne, 1 à Central Park, devant le Métropolitan de New York (l'Obélisque de Washington, haut de 169m est, lui, en maçonnerie et n'a rien "d'Egyptien" !), puis celui de Louxor, Place de la Concorde, et un autre (tout petit) à Poznan en Pologne (mais qui semble appartenir à Berlin !?)

Et enfin, celui qui nous interesse aujourd'hui...

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(Istanbul, mai 2010)

Au premier abord, il semble différent de ceux que j'ai eu l'occasion d'admirer : Les hiéroglyphes s'arrêtent nets à la base du fût et il est, plus étrange encore, soutenu par quatre cales en bronze qui répondent au quatre cubes en porphyre à la base du socle en marbre blanc, ...qui est lui de facture assurément romaine !!!

De toute évidence il manque ici la partie inférieure de l'obélisque originel, et les avis divergent parfois quant à son histoire mouvementée. 

Des deux notes du Centre Franco-Egyptien d'Etude des Temples de Karnak (voir en bas de page), dont les conclusions me paraissent les plus sérieuses, il ressort :

1) que l'obélisque était de toute évidence "entier" depuis son abattage jusqu'à son arrivée à Alexandrie

2) qu'il est resté en soufrance de longues années, quelque part sur une plage alexandrine

3) qu'il a peut-être été brisé, mais c'est peu probable, au cours de son transport jusqu'à Constantinople

4) que le monolite s'est plus vraisemblablement scindé en deux lors de sa (ou de ses) tentative(s) d'érection(s)

5) qu'après cet incident, la base de l'obélisque (les 9 mètres restants) a peut-être été dressée, elle aussi, quelque part en ville. Quoi qu'il en soit, on en a jamais depuis retrouvé la trace...

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(C'est l'obélisque de gauche...)
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Quant à ses origines, les spécialistes sont pour le coup tous d'accord : L'obélisque se dressait 14 siècles avant JC au sud du VII pylône du Grand Temple de Karnak (dans l'actuelle ville de Louxor en Egypte). Il fait parti de la paire dressée là sous le règne de Thoutmôsis III, Pharaon de la XVIIIème dynastie.

Thoutmôsis III attendit longtemps avant de pouvoir règner : En effet sa belle-mère, la célèbre Hatchepsout, s'octroya la Régence pendant une bonne vingtaine d'années ! A la mort de cette dernière, il reprit les rênes du pouvoir et entreprit de si nombreuses campagnes qu'un égyptologue américain l'avait surnommé le "Napoléon de l'Egypte antique".

C'est d'ailleurs l'une de ces campagnes (contre le le Royaume de Mitanni, au nord de l'actuelle Syrie) qui est racontée sur les quatre faces du fameux monument... 

Cet obélisque, comme tous ses semblables de Karnak, provient des fameuses carrières de granit rose d'Assouan (l'antique Syène), à quelque 200km au sud d'où il fut érigé pour la première fois !

C'est sous le règne de Constantin I qu'il fût abattu (vers 330 ap. JC), sous celui de son fils Constance II qu'il remonta le Nil et peut-être traversa la méditerannée et enfin sous celui de Théodose I (vers 390 ap. JC) que sa partie supérieure prit place, définitivement, au centre du Circus Maximus de Constantinople !

Des 29 mètres (sa taille à l'origine) seul un peu moins de 20 mètres sont aujourd'hui offerts à notre curiosité...

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(Istanbul, mai 2010)

Sur les bas-reliefs du piédestal en marbre, on découvre Théodose I, entouré de sa cour, remettant une courone de laurier au vainqueur (de la course de char ?), mais aussi les spectateurs, les musiciens et les danseurs ou bien encore la représentation du transport de l'obélisque jusque là... 

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(Istanbul, mai 2010)

Note du Centre Franco-Egyptien d'Etude des Temples de Karnak (CFEETK) à propos du transport de l'obélisque...

Note du même CFEETK quant à la dimension initiale de ce dernier

14/07/2010

L'Hippodrome de Byzance ou de Constantinople (au choix)

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(Istanbul, mai 2010)

Il y a tout juste deux mois, je découvrais Istanbul.

Je n'avais encore rien écrit à ce sujet pour trois raisons. D'une part, ce séjour s'étant déroulé à la même période que mon voyage en Roumanie, je ne voulais pas désorienté le lecteur. D'autre part, le projet me parraissait assez délicat si je commencais à mettre un doigt dans l'engrenage passionnant de l'Histoire de cette cité, unique entre toutes. Enfin, devant tant de merveilles mille fois racontées par d'autre, je doutais (à juste titre) de pouvoir apporter à mon propos quoi que ce soit de bien original.

Nobobstant ces considérations, et faisant fi d'icelles, je décide pourtant de me lancer enfin...

J'espère me faire ainsi plaisir, mais aussi de vous le faire partager.

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(Reconstitution de Byzance vers le IV siècle : on apperçoit en haut à droite la "première" Basilique Sainte-Sophie. Au centre de l'hippodrome, les deux obélisques) 

Pour commencer ce petit voyage à travers les siècles, le choix de l'Hippodrome m'est apparu le plus opportun : La place At Meydanı (la Place aux Chevaux) est aujourd'hui, a n'en point douter le centre névralgique du tourisme de masse en Turquie.

Outre les (rares) vestiges même de l'ancien hippodrome, cette longue promenade au coeur du quartier de Sultanahmet est bordée à l'est par la majestueuse Mosquée Bleue, au nord par la vénérable Basilique Sainte-Sophie et l'impressionnante Citerne souterraine. 

Quatre des plus fameux monuments de la ville dans un même lieu ! : je vous laisse imaginer le nombre de parapluies multicolores de guides inquiets de perdre leur troupeau parfois hagard, les commentaires hurlés dans toutes les langues ainsi que l'incessant ballet des bus climatisés. Vous avez maintenant une image de l'ambiance torride (dans tout les sens du terme, sous ce beau soleil de printemps !)

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(L'Hippodrome de Septime Sévère sera considérablement agrandi et embelli par Constantin. A son apogée, l'édifice mesure 470 mètres de long et peut accueillir près de 100 000 spectateurs !)

Mais j'ai également choisi la Place de l'Hippodrome car c'est là le premier monument construit par Septime Sévère (en 203) , juste après que ce dernier ai presque totalement rasé la ville, après un siège de trois longues années. Byzance, ancienne colonie grecque, avait alors déjà presque mille ans ! .

Septime Sévère donc, conscient de l'importance stratégique de la ville, mais aussi poussé par son fils Caracalla, décide de rebâtir la ville et de la doter de tout les attributs architecturaux de l'époque, à commencer par un hippodrome, véritable coeur de la cité, où se déroulent à la fois les jeux (pour distraire le bon peuple) mais également les grandes cérémonies officielles (pour assoir un peu plus le pouvoir !).

De cet hippodrome originel, il ne reste plus aujourd'hui que trois monuments qui ornait alors la "spina" (le terre-plein central autour duquel tournaient les chevaux, dans le sens opposé des aiguilles d'une montre !) : L'Obélisque de Thoutmôsis III, l'Obélisque Muré et la Colonne Serpentine, que nous découvrirons dans de prochains posts.

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(Venise, décembre 2009)

Je ne pouvais pas terminer cet article sans évoquer l'incroyable histoire des Chevaux de bronze de Constantin, plus connu sous le nom de "Chevaux de Saint-Marc". Le quadrige antique, que l'on date du II siècle, ornait à l'origine l'hippodrome qui nous occupe aujourd'hui. En 1204, lors de la Quatrième croisade, les vénitiens s'en emparent et l'installent sur la façade de la basilique Saint-Marc de Venise.

En 1797, à l'issue de sa Campagne d'Italie, Napoléon Bonaparte rapporte les quatres chevaux dans ses valises ! Ils seront d'abord placés sur les grilles des Tuileries, puis au sommet du tout nouvel Arc de Triomphe du Carrousel (édifié de 1807 à 1809).

En 1815, à la chute de l'Empereur, les chevaux feront leur dernier voyage, de nouveau vers Venise...

De nos jours, ce sont des répliques du fameux quadrige qui trônent sur le Carrousel de Paris ainsi que sur la façade de Saint-Marc :  Les originaux se reposent eux enfin, après cette longue course , à l'intérieur de la superbe Basilique... (voir mon post de décembre 2008)

12/05/2010

Le mystère de la Corne d'Or

C'est aujourd'hui que je prends l'avion pour Istanbul.

A moi les rives du Bosphore, les vestiges de Byzance et de Constantinople, mais aussi la découverte de cette capitale du XXIème siècle. (La métropole a d'ailleurs été choisie comme "capitale européenne de la culture" de l'année 2010 !).

J'espère avoir du (beau) temps pour prendre un maximum de clichés afin de vous restituer, dès mon retour, l'essentiel de mes coups de coeur.

Un peu de géographie : Istanbul se trouve dans la partie nord de la Turquie (le cadre du haut).

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Dans le cadre du bas, et seulement pour le plaisir, je vous situe l'immense Delta du Nil, Le Caire et Alexandrie. Entre ces villes au passé prestigieux s'étend la Méditérranée (la Mare Nostrum des Romains) et la Mer Egée (avec sa myriade d'îles mytiques : Crête, Rhodes, Santorin, Delos, Samothrace, Lesbos et j'en passe...)

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Cette capture d'écran correspond, elle, au cadre du haut de l'image précédente.

On y découvre à gauche la partie "européenne" de la Turquie, et à droite la partie "asiatique". Le Bosphore, long de 32km, est le détroit qui les sépare. Il relie la Mer Noire (au nord) à la Mer de Marmara (au sud).

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De plus près encore, nous découvrons maintenant Istanbul, à l'embouchure sud du Bosphore.

C'est dans le rectangle en bas à gauche que l'on trouve les principaux vestiges antiques de Byzance et de Constantinople. Dans le rectangle au dessus, la ville "moderne", avec toutefois ci et là, les traces d'une histoire pas si "moderne" que cela ! A Droite, les quartiers "asiatiques", qui bien que très anciens sont plutôt résidentiels et aussi beaucoup moins touristiques.

Pour finir, vous remarquerez à gauche la Corne d'Or : C'est l'estuaire qui se jette dans le Bosphore (et l'on revient là au titre de ce post !).

Bien des explications existent quant à l'origine de ce nom de "Corne d'or" ; Je tenais à mon tour à apporter une modeste (et pour le moins, originale) contribution :

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Et voilà !
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Ca vaut ce que ca vaut :)
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