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10/06/2010

Le Palais du Parlement à Bucarest

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(Bucarest, mai 2010)

 

Cité interdite, Petite sirène ou encore Christ rédempteur, la plupart des grandes villes ont leur symbole, gravé pour toujours dans notre imaginaire.

Le  Palais du Parlement (ou Maison du Peuple, comme l'appelle encore bien souvent les Bucarestois) est devenu pour de maintes raisons l'emblème de la capitale roumaine, et ce malgré les douloureux (et toujours vivaces) souvenirs liés à sa construction.

 

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(Bucarest, mai 2010)
 
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Visible depuis de nombreux quartiers de la ville, on peut difficilement le manquer : L'imposant quadrilatère de 270 sur 240 mètres et d'une hauteur de 86 mètres, semble littéralement dominer Bucarest.
Cette impression est d'ailleurs largement amplifiée par sa situation au sommet d'une colline et par le dénuement architectonique entourant le Palais.
 
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A l'issue de la visite, c'est par une porte fenêtre (ici ouverte) du premier étage que l'on accède au balcon
 
 
Avec ses 350 000m², le Palais du Parlement est l'un des  plus grands bâtiments du Monde.
Si l'on s'en tient uniquement à la catégorie bâtiment administratif, il arrive juste second après le Pentagone.

Haut de 12 étages (à son maximum) et avec 8 nivaux en sous-sol (dont 4 toujours pas terminés), le palais compte plus de 1000 pièces, du simple bureau jusqu'au salon d'apparat de 3000m² !

Tout est ici démesuré, à l'image de son initiateur, l'ancien dictateur mégalomane et un brin allumé, Nicolae Ceausescu.

Pour arriver à ses fins, rien n'a semblé en effet l'arrêter, à commencer par la destruction de 520 hectares en plein cœur de Bucarest et l'expulsion de près de cinquante mille personnes. Vingt mille ouvriers (et sept cents architectes) ont travaillé jour et nuit sur le chantier ; des villages entiers ont été mis à contribution pour tisser de fils d'or les milliers de rideaux et tailler le cristal des 4500 lustres ; des carrières de marbres furent totalement épuisées par le million de mètres cubes prélevés !

Mais le plus grave fût bien évidemment le coût de ce délire : On estime qu'entre 1984 (date du début des travaux) à 1989 (celle de la chute du régime), cette fièvre constructrice a englouti tous les ans près de 40% du PIB du pays !

Car il n'y avait pas que la Maison du Peuple ! Cette  dernière n'était que la pièce maîtresse d'un vaste ensemble comprenant d'autres palais, des places et de larges avenues bordées d'immeubles destinés aux fonctionnaires du régime.

Ce projet était un puits sans fond...

 

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Les immeubles qui font face au Palais
 
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Dès les premiers jours du retour à la démocratie, les autorités se demandèrent sérieusement comment gérer ce lourd héritage de constructions à peine achevées.

Il y eu de saugrenues propositions, comme celle de Donald Trump, prêt à racheter le Palais pour un million de dollars afin d'en faire un casino ! Finalement l'Etat décida de conserver le tout pour y loger en premier lieu, comme prévu dès l'origine, le Parlement et le Sénat roumain.

 

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Loin de moi, vous vous en doutez bien, de vouloir dédouaner les agissements de ce caudillo des Carpates, mais je n'ai pourtant cessé, en parcourant ces immenses salles toutes de marbre, de faire le parallèle avec d'autres époques et d'autres lieux : Car il faut bien reconnaître que la majeure partie des grands monuments que le passé nous a légué sont bien souvent, eux aussi, le fruit de la volonté d'un seul homme (roi, tyran ou les deux à la fois), au faîte de sa gloire et de sa puissance, que le surcoût pour les caisses de l'Etat ou l'affliction du petit peuple affectent peu.

Et toujours à sa décharge, j'ajouterais enfin que ce palais, conçu  dès l'origine pour abriter toutes les instances de l'état  (il faut reconnaître que l'impressionnant pavé ne ressemble pas vraiment à une résidence secondaire d'agrément), est constitué à 100% de matériaux roumains, des sols aux plafonds : C'était là le souhait du despote bâtisseur et il semble bien qu'une bonne partie de la population soit d'ailleurs maintenant plutôt fière de cette construction labelisée "patriotique" !

Mais trêve d'excuses ; imposer à tout un peuple de tels sacrifices à la veille du 21eme siècle, il y avait comme un léger problème dont le régime paiera le prix fort. 

 

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Info ou intox, le Palais bruisse évidemment de mille légendes, comme celle de tel escalier majestueux refait plusieurs fois pour parfaitement adapter la hauteur des marches à la petite taille du président-dictateur complexé, ou encore de ces croix discrètement dissimulées dans les mosaïques des sols à son insu.
 
C'est aussi depuis le balcon du Palais que Michael Jackson aurait lancé, à l'occasion de son "Dangerous Tour" de 1992 le fameux et maladroit "Hello Budapest ! "
 
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(Bucarest, mai 2010)
 
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La "salle de bal" de 3000m² et sa verrière coulissante à 14 mètres au dessus du sol
 
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J'admets que les très rares pièces décorées de mobilier "de style" sont à la limite du bon goût... 
 
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Les signes religieux étaient évidemment bannis de tout le bâtiment, et quand Costa Gavras vint tourner ici en 2002 quelques scènes de son film "Amen", il "décora" tout un vestibule. Ce décor est depuis resté en place... 
 
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(Bucarest, mai 2010)
 
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L'Avenue de l'Union, longue de 3,2km, déroule son impressionnante perspective devant le Palais
 
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C'est depuis le balcon du premier étage que le dictateur s'adressera aux Roumains pour la dernière fois. Hué par la foule il ne put, ce 21 décembre 1989, terminer son discours. Le lendemain midi, un hélicoptère décollera du toit du palais avec à son bord le couple présidentiel : Helena et Nicolae n'ont  plus que quelques heures à vivre...
 
Après un procès expéditif, ils sont exécutés le jour de Noël.
 
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(Bucarest, mai 2010)
 
C'est là le dernier article sur mon petit séjour en Roumanie.
Si le cœur m'en dit, je vous proposerais d'ici quelques semaines une autre série de posts, cette fois sur la ville d'Istanbul, ou j'ai passé une semaine durant ce même mois de mai... 

05/06/2010

Bucarest (3)

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("L'Arcul de Triumf" fut élevé en 1936 sur l'emplacement de deux précédentes arches. La toute première, en bois, avait été érigé en 1878 pour y faire défiler les troupes victorieuses, lors de l'indépendance)
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(La Maison des Architectes, sur la Place de la Révolution)
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(Le Parc Herastrau et son grand lac longent le Village roumain. C'est le plus grand espace vert de Bucarest)
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(Bucarest, mai 2010)
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(Sur la place de la Révolution, se trouve le mémorial de la Renaissance en hommage aux victimes de la Révolution de 1989)
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(L'ancienne Caisse des Dépots)
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(L'arrière du Palatul Regal, le Musée National d'art Roumain) 
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(Le Mausolée à la gloire des "héros pour la liberté du peuple et pour la Mère-patrie et le socialisme, construit en 1963 en haut du Parc Carol, est désormais dédié principalement au Soldat Inconnu)
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(La Maison de la presse libre, haute de près de 100 mètres, est typique des constructions de l'ère stalinienne. On en retrouve dans chacun des anciens pays satellites, à commencer par la Pologne...) 
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(Au détour d'une allée du romantique Parc Cismigiu, on découvre ce monument en l'honneur des sodats Français tombés sur le sol roumain durant la Grande guerre)
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(A Bucarest, les terrasses provisoires en bois poussent à tout les coins de rue dès les premiers beaux jours)
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(Au début du mois de mai, à mon arrivée à Bucarest, cet emplacement était un terrain vague : A mon départ, trois semaines plus tard, c'était devenu une terasse "branchée"!) 
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(Pareil avec celle-ci : Avant...et après !)
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(Bucarest, mai 2010)
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(Beaucoup de Parcs pour enfants sont également construits juste le temps de la belle saison...)
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(Bucarest, mai 2010)

03/06/2010

La maison de Bilbo au "Village roumain"

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(Le Village roumain, Bucarest, mai 2010)
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Il n'y a peut-être rien là de bien original !
D'un côté, un classique musée d'art et de traditions populaires (Le Muzeul Taranului Român), et de l'autre, à quelques centaines de mètres, un village de maisons de bois glânées à travers tout le pays et remontées ici (le Muzeul Satului)...
Ce qui est par contre moins commun, c'est que les premières habitations ont été installées dans ce musée à ciel ouvert dès 1936, à une époque où très peu de pays se souciaient vraiment de ce type d'héritage !
Pour preuve, à cette date, il n'existait que deux musées similaires : Celui de Skansen (à Stockholm, en Suède) ouvert en 1891 et celui de Maihaugen (à Lillehamer, en Norvège) ouvert en 1904...
 
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(Le Village roumain, Bucarest, mai 2010)
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(Le Village roumain, Bucarest, mai 2010)
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J'ai pour ma part "flashé" pour ces maisons semi-souterraines, avec des toits en paille qui semble juste être posé sur le sol !
Même si les ouvertures sont plutôt rectangulaires, j'ai vite imaginé que ce seraient là de parfaites maisons de Hobbit ;) 
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(Le Village roumain, Bucarest, mai 2010)

01/06/2010

Vii & Morti

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Vii & Morti ; A la sortie des églises orthodoxes de Roumanie, c'est dans ces bougeoirs géants, protégés des intempéries, que les fidèles déposent leurs cierges.
A la mémoire des Morts d'un côté ... ou au salut des Vivants de l'autre ! 
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(Monastère à Sinaïa)
 
Loin de moi de vous faire un cours sur les religions (ce n'est ni mon fort ni ma tasse de thé !) mais je pouvais difficilement parler de la Roumanie sans aborder le sujet, et pour au moins trois raisons ! 
  
  • D'abord, comme je l'ai déjà évoqué, la Roumanie est le seul pays latin où s'est developpé une église majoritairement orthodoxe.

 

  • Ensuite, le Patriarcat de Roumanie est, en nombre de fidèles, la deuxième église orthodoxe,  juste après celle de Russie ! (Elle compte également des ouailles en Moldavie, en Ukraine et en Serbie et aussi dans sa diaspora en Europe occidentale et en Amérique du Nord). 

 

  • La troisième raison est évidemment la place très importante que prend la religion dans la vie quotidienne, mais aussi encore trop souvent dans la vie politique.

 

J'ai découvert au cours de mon séjour de nombreuses églises en construction et il semble même qu'un projet titanesque soit dans les cartons : Elever dans la capitale la plus grande église de Roumanie, qui dépasserait en hauteur le Palais du Parlement ! A suivre...

 

On estime à 87% le nombre d’orthodoxes, les 13% restant se répartissant à parts égales entre catholiques et protestants. 

         

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(Monastère Stavropoleos -construit en 1720- à Bucarest : On dit généralement "monastère" car les habitations des religieux sont souvent situés à proximité de l'église)
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(Monastère de Stavropoleos) 

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(L'église Russe de Bucarest)
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(Monastère Radu Voda à Bucarest)
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(Le Patriarcat de Roumanie, d'où Sa Sainteté Daniel conduit son Eglise)
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(Les églises de la région de Bucovine -au nord de la Roumanie- sont réputées pour leurs fresques peintes sur les facades extérieures. Celle-ci se trouve au "Musée-Village" à ciel ouvert de Bucarest)
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Je ne rentrerai pas dans l’histoire "pas très claire" des relations entre cette église et quarante années de communisme. Il semble qu’elle se soit, au mieux, manifestée par un silence complaisant, au pire par un soutien…parfois actif !

 

Mais les choses ne sont jamais simple dans une relation entre une Eglise, quelle qu’elle soit, et un régime idéologiquement athée.

 

Il semble en fait que chacun se soit tout bonnement servi de l’autre : Le Parti communiste, qui manquait de soutien populaire dans cette société largement rurale des années 1950 à probablement instrumentalisé l’Eglise orthodoxe pour asseoir son autorité, et elle en a profité pour pérennisé son ascendance sur ces mêmes populations, en devenant de facto une Eglise d’Etat.

 

(Et comme rien n’est noir ou blanc, je note au passage que c’est la ténacité et le courage d’un pasteur protestant, Laszlo Tokès, qui fut un des éléments déclencheurs de la Révolution de 1989…).

 

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(Monastère à Sinaïa)
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(Roumanie, mai 2010)
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(Sur la place de Brasov...)
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(A gauche, l'Eglise Noire de Brasov -protestante- qui date du XVe siècle ; A droite, monolithe devant l'entrée du Château de Bran)
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(A Bucarest, il est très fréquent de trouver des églises ayant échappé à la folie urbanistique de Ceausescu mais qui se sont retrouvées cernées de toute part par des barres en béton.
Pour ne pas trop froisser le bon peuple, certaines ont même été déplacées de quelques centaines de mètres !)
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(La minuscule église de Bucur est la plus ancienne de Bucarest (1416). La légende dit qu'à l'origine elle fut construite en bois par le berger Bucur, le premier "habitant" de Bucarest...)
 
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(Roumanie, mai 2010)
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(Concession à la modernité et sympathique camouflage !)

31/05/2010

Les forteresses saxonnes de Transylvanie

prejmer-fortified-church1.jpgOn les appelle "forteresses" mais plus souvent "églises fortifiées" : Tout dépend en fait de l'importance (et de la taille) de ces villages édifiées à partir du XIIe siècle par des saxons originaires des régions du Rhin et de la Moselle.

Ces derniers, artisans et commerçants reconnus (mais aussi agriculteurs), étaient venus en Transylvanie à l’appel du Roi Géza II de Hongrie, avec pour tâche de défendre la frontière sud-est du royaume contre les attaques tatars et ottomanes.

Respectés pour leur habilité et leurs compétences, les saxons gagneront peu à peu leur autonomie administrative et domineront la région jusqu'au 19e siècle. Leurs descendants sont aujourd'hui la troisième minorité présente en Roumanie, après les Hongrois et les Roms.

A partir de la Réforme (XVIème), l'Eglise évangélique (principalement luthérienne) détrônera dans ces régions le culte catholique jusqu'alors pratiqué...

(L'image ci-dessus est une vue aérienne de l'église fortifiée de Prejmer -que je n'ai pas visité-  qui donne une assez bonne idée de la conception de ces places fortes)

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(Le village de Saschiz, vu depuis le haut de la tour de l'église) 

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(La forteresse de Saschiz -aujourd'hui en ruine- surplombe le village)
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(L'église fortifiée de Saschiz, au coeur du village. Sa construction date de la fin du XVe siècle)
 

L'église fortifiée était située au centre du village ou au sommet d'une colline toute proche. On trouvait généralement à l'interieur des fortifications, outre l'église et l'école, de nombreuses granges, caves et autres séchoirs où chacune des familles déposait en temps de paix ses réserves de nourriture. En cas de conflit, tout les membres du village pouvaient y trouver refuge...  

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(La campagne roumaine depuis le chemin de ronde de l'église de Viscri)
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(L'église fortifiée de Viscri, construite à partir du XIIIe siècle)  
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(Greniers et séchoirs)
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(Intérieur de l'église de style roman)
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(L'église fortifiée de Viscri, mai 2010)

Plus d'une centaine de ces places fortifiées sont toujours visibles en Transylvanie, parfois au coeur de villages qui semblent être resté à l'écart des bouleversements du XXe siècle.

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Ces six églises, ainsi que celle de Prejmer, sont classées au Patrimoine mondial de l'Unesco. De haut en bas : Valéa Viilor, Dârjiu, Biertan, Câlnic, Saschiz et Viscri.
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(Village de Viscri, mai 2010)
 
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La localité de Viscri s'est aussi appelé "Alba eclessia" au Moyen-âge, puis "Weisskirch" : L'Eglise Blanche...
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(Village de Viscri, mai 2010)
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29/05/2010

Bucarest (2)

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(L'ancienne Bibliothèque Nationale en reconstruction)
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(Le palais de la Banque Générale de Roumanie)
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(La Place Unirii)
 
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(Le Palais C.E.C, Caisse des Dépôts)
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(Le Palais Cretzulescu)

A croire que Vlad III l'Empaleur (alias Dracula) est indissociable de mon séjour en Roumanie : J’ai d’abord approché son ombre flottant sur le Château de Bran, visiter ensuite Sighişoara où la légende situe sa naissance, et enfin séjourné à Bucarest où le Prince s'installe (dans ce qui n’est encore qu’une forteresse) pour le troisième et dernier de ses règnes; Ce sera aussi le plus court, à peine une année : Vlad III meurt au combat en 1477, à Bucarest.

La ville se développera alors peu à peu et deviendra résidence royale, capitale de la Valachie (au 17e siècle) puis de la Principauté de Roumanie (au milieu du 19e siècle) et enfin capitale de la Roumanie unifiée après la Première Guerre mondiale.

 

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(L'ancienne Cour voïvodale -le Curtea Veche-, plus vieille ruine de Bucarest)

 

Bucarest a donc une histoire assez récente et la plupart des constructions (mis à part les indigentes ruines du Curtea Veche – la cour voïvodale- datant du 15e siècle et  une ou deux églises du 18ème) sont postérieures à la seconde moitié du 19e siècle.

 

Ces centaines de bâtiments (immeubles, petits palais ou grandes villas) ne manquent pourtant pas de charme et reflètent assez bien les diverses influences architecturales venant alors de toute l’Europe.

Malheureusement, 50 années de dictature, les expulsions et les confiscations, ajoutées aux travaux pharaoniques et ravageurs de Ceausescu ont mis bien à mal ce merveilleux patrimoine (Rien que pour édifier le fameux Palais du Parlement et tracer tout autour de grandes avenues, c’est au moins 25% du vieux centre ville qui ont été rasés dans les années 80 !)

 

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 (La Banque Nationale)

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(Bucarest, mai 2010)
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(Bucarest, mai 2010)
 

 

Il faudra des années (et pas mal d’argent) pour sauver ce qui peut encore l’être, mais déjà quelques quartiers sortent la tête de l’eau et retrouvent une vie animée à l’écart des grandes artères de deux fois quatre voies, bruyantes et impersonnelles !

 

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(La Chambre de commerce et d'industrie, l'un des rares bâtiment "moderne" du centre ville)
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(Les câbles apparents sont un vrai fléau dans toute la capitale !)

26/05/2010

Sighişoara

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(Sighisoara, Roumanie, mai 2010)
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Ravis de notre précédant séjour à Brasov, nous décidons, pour mon second week-end en Roumanie, de nous rendre à nouveau en plein coeur de la Transylvanie, dans la fameuse région des "forteresses saxonnes"...

C'est en effet à partir du XIIe siècle que le roi de Hongrie fait appel à des artisans et des marchands d'origine allemande (ces "Saxons" viennent principalement d'Allemagne du sud et de l'actuel Luxembourg) pour venir coloniser et défendre la frontière orientale de son royaume.

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(La Tour du Conseil, au centre du village, est devenu la Tour de l'horloge)
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(Jacquemart-carillon de la Tour de l'Horloge)

Dans la région, il y eut jusqu'à 300 villes, villages ou églises fortifiés. La moitié d'entre eux sont encore visibles de nos jours et c'est un véritable voyage dans le temps et à travers Moyen-âge qui est ici offert au voyageur...

 

(7 de ces églises sont d'ailleurs classées au Patrimoine mondial de l'Unesco, tout comme le centre de Sighisoara)

Après les invasions mongoles de 1241, on élève autour de la ville des fortifications payées par les corporations d'artisans. Chacune des 14 tours (dont 9 subsistent à ce jour) prendront le nom de leur mécènes : Tour des cordonniers, des tailleurs, des étameurs, etc...

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(La Tour des Tailleurs)
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(Sighisoara, Roumanie, mai 2010)
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(La tour des Cordonniers)
L'aristocratie et la bourgeoisie habite alors la ville haute, sur la colline originelle tandis que des faubourgs, peuplés d'artisans et de paysans, se développent dans la ville basse, elle aussi protégée par des murailles et des portes défensives.

Pour accéder du centre du village à la colline ou se trouve l'école et l'église, on construira au XVIIe siècle un escalier couvert en bois de près de 300 marches !

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(L'escalier couvert)
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Vlad II Dracul s'établira pendant une quinzaine d'années dans la cité devenue résidence royale, et c'est ici que naîtra son fils Vlad III l'Empaleur qui est à l'origine de la légende du personnage romanesque de Dracula (voir ici le post sur le Château de Bran)

Pendant les XVIe et XVIIe siècles, Sighisoara comptera jusqu'à 15 guildes et 25 associations d'artisans : Elle sera une des villes les plus puissantes de la région. 

Peu à peu, elle va perdre son pouvoir et restera à l'écart du développement économique du XIXe siècle, ce qui préservera, pour notre plus grand bonheur, son centre historique.

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(Une de portes de la ville)
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(La Place de la cité)
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(Sighisoara, Roumanie, mai 2010)
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(...du Dracul à toutes les sauces !)

19/05/2010

Bucarest (1)

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(La Bibliothèque Universitaire)

La tâche n'est pas aisée !

Parler de Bucarest après une semaine passée à Istanbul (je vous en dirai plus dès mon retour en France !), c'est un peu comme comparer le hameau de Marie-Antoinette avec le château de Versailles !

D'abord, il manque à la capitale roumaine la proximité de la mer, ou tout au moins un joli fleuve qui la traverse; Et puis aussi quelques collines. 

Il lui manque surtout, à l'instar de la ville de Constantin, une longue et incroyable Histoire.

Preuve en est que le petit "village" de Bucarest n'est mentionnée pour la première fois qu'en 1459, à une date où la Basilique Sainte-Sophie domine le Bosphore depuis déjà bientôt mille ans, et que Contantinople, la Nouvelle Rome de l'Empire romain d'Orient, vient de passer sous le contrôle des Ottomans qui domineront le Monde arabe jusqu'au 20ème siècle !

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(Bucarest, mai 2010)
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(Parc Cismigiu)
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(Bucarest, mai 2010)
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(Le Cercle Militaire, de 1912)
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(Le Passage "Egyptien")
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La forteresse de Bucarest fût principalement une résidence des Princes de Valachie jusqu'au 18ème siècle.

Souvent occupée (mais aussi ravagée)  par les Ottomans, les Russes, les Autichiens, etc..., ce n'est qu'en 1861 que la ville acquiert le rôle de capitale de Valachie et de Moldavie ; Après la Première guerre mondiale, elle deviendra enfin la capitale de la Grande Roumanie (qui inclut en plus alors la Transylvanie).

Entre les deux Guerres, Bucarest aura à peine le temps de profiter des influences occidentales qui lui sont chère (et qui la font surnommer à l'époque "Petit Paris" ou "Paris des Balkans") : En effet, les dictatures carliste, fasciste et communiste vont dès lors se succéder, de 1838 à 1989, jusqu'à la chute des époux Ceausescu !

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(Une vieille villa délabrée comme il y en a des centaines à Bucarest ; Il faudra du temps et beaucoup d'argent pour pouvoir les sauver toutes, mais cela commence petit à petit...)
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(La Place de l'Union et le Boulevard Bratianu)
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(Bucarest, mai 2010)
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(Le Palais du Parlement..ou Maison du Peuple)
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(L'Avenue de L'Union)
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(Bucarest, mai 2010)

Malgré que Bucarest ait vraiment souffert de toutes ces vilénies, la ville n'en conserve pas moins un certain charme qui se dévoile lentement à qui sait prendre le temps de regarder, mais aussi de comprendre ce lourd passé. 

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(Le Monastère Stavropoleos, 1724)
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(Bucarest, mai 2010)
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(L'Athénée roumain, construit en 1888 par le Français Galleron)

14/05/2010

Au Château de Bran, sur les traces de Dracula

J'ai un scoop ! : Dracula, les vampires, tout ça n'est qu'une légende !

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Mais comme dans (presque) chaque légende, il y a un petit fond de vérité...

A commencer par un personnage, ou plutôt deux, hauts en couleurs (rouge sang donc !)

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(Château de Bran, Roumanie, 9 mai 2010)
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D'abord le père : Vlad II Dracul (dracul signifie "dragon" en roumain, ou tout simplement le diable !), prince de Valachie au XVème siècle.

Vlad II  rejoint l'Ordre du Dragon en 1431, un Ordre dont l'objectif est la protection des intérêts de la chrétienté et la croisade contre les Ottomans. Le symbole de l'Ordre est le dragon et son vêtement officiel une cape noire sur un vêtement rouge.

En conflit avec certains de ses voisins, Vlad finira assassiné, et un usurpateur prendra sa place sur le trône de Valachie.

C'était pourtant sans compter sur son quatrième fils, Vlad III Tepes (l'Empaleur) qui reprend les choses en mains et d'une manière pas toujours délicate envers ses ennemis, et plus généralement de tous ses contradicteurs.  (le supplice du pal, inconnu en Europe jusque là fût d'ailleurs probablement importé de Turquie par Vlad, qui découvrit la technique lorsqu'il y fit ses études !)

Les deux personnages ne vont vite en faire plus qu'un : Du sang, des dragons, des capes rouges et noires, des sacrifices humains, etc.. , c'était là un bon début... pour un bon romancier !

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(La cour intérieur du château)

Ne manquait plus qu'une jolie demeure pour accueillir les frasques du héros. L'Irlandais Bram Stoker, qui écrit Dracula en 1897, décide après de minutieuses recherches que le Château de Bran fera parfaitement l'affaire. Dans la réalité, on n'est même pas certain qu'un des deux Vlad n'ai jamais mis les pieds dans ce château...

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Pour finir avec la légende, Stoker situera son histoire, plutôt qu'au Moyen-âge, à la fin du XIXème. Quelques années plus tôt avait sévit à Londres un certain Jack l'éventreur...

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(La cour intérieur du château)

Le bon Comte (Dracula) faisant les bons comptes (des marchands du Temple), si vous passez par là, n'hésitez pas à vous arrêter au vampire camping : la région est fort belle, et le château pas si déplaisant :)

En contrebas, un village a été reconstitué dans les années 60 avec de très vieilles bâtisses en bois récupérées ci et là dans la région...

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(Château de Bran, Roumanie, 9 mai 2010)
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(Ruches traditionnelles)
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(Château de Bran, Roumanie, 9 mai 2010)

11/05/2010

La Roumanie : Latine et orthodoxe

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(Parc Cismigiu, Bucarest, 11 mai 2010)

De pouvoir se déplacer avec son ordinateur (et une connexion wi-fi) peut offrir au voyageur une source intarrissable de renseignements qui ne sont malheureusement pas tous indiqués dans les guides lambda.

Loin de moi de vouloir refaire l'histoire de "l'Europe" depuis l'antiquité, mais suite à seulement quelques jours passés en Roumanie, les questionnements devenaient fréquents : Quid de cette statue de Rémus et Romulus sous la louve en plein centre de Bucarest ; Et quid aussi de tout ces nouveaux mots que je découvre au quotidien et qui me sont si étrangement familiers ?

Ma première surprise fût de découvrir que la roumanie est un pays de langue Latine, au même titre que l'Italie, la France, l'Espagne ou le Portugal !

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(En bleu : les pays de langue latine / A l'est de la Roumanie, la Moldavie)

En effet, bien qu'ayant eu également des influences slaves, germaniques et hongroises, plus de 80% du vocabulaire roumain est issu du latin ! On estime que la population est francophone à plus de 20%, et qu'il est encore plus facile aux roumains de comprendre l'italien ou l'espagnol que le français...

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546px-Italie_-800.jpgMa seconde surprise est d'apprendre que (dixit Wiki) : Les Latins sont des Proto-villanoviens, populations d'origine indo-européenne issues de la civilisation d'Otomani, dans les Carpathes !

C'est à dire qu'une population "roumaine", installée en Vénétie, puis dans le Latium 12 siècles avant notre ére, est en partie à l'origine de notre langue ! 

(En marron clair sur la carte : implantations des Latins à l'Age de fer)

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Une dernière considération enfin (car ce n'est pour le coup pas une surprise pour moi !) à propos de l'amalgame récurrent entre Roms (et leur langue le Romani) et les Roumains : Ils n'ont rien en commun !

Les Roms (ou Gitans, Tsiganes, Manouches, Romanichels, Bohémiens, etc...) sont en fait une population nomade dont l'histoire est, par manque de documents écrits, difficile à retracer.

Ce dont on est sûr, c'est que cette peuplade à quitté l'Inde avant l'an mil et traversé l'Iran et la Turquie actuelle  avant de s'intaller en Europe vers le 14éme siècle.

Leur histoire n'a donc rien à voir avec celle des Roumains ou des autres peuples européens, si ce n'est, ici la langue, ici la religion ou les traditions, que les Roms ont fait leur au cours de cette longue périnigration...

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(Population Roms en Europe)

Si les Roms sont très présent en Roumanie, leur population ne  dépasse pourtant pas le 1/2 million, soit moins de 5% de la population !

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Enfin, pour finir ce "savant exposé", notons que la Roumanie est le seul pays de L'UE à être à la fois de langue latine et de confession orthodoxe !

Cela est évidemment dû à la proximité, dans un lointain passé, avec sa voisine  "Byzance" que je part  découvrir dès demain...