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22/08/2009

La céramique précolombienne au Pérou (2)

Il est évidemment plus facile pour un touriste d'apprécier la céramique précolombienne que de la situer dans le temps : Les civilisations qui en sont à l'origine sont tellement nombreuses !

Malgré un pillage qui a duré plus de cinq siècles, les collections des musées de Lima (et de Cuzco) sont néanmoins suffisamment riches pour nous offrir un fantastique voyage dans le passé.

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(Céramiques Cupisnique, Musée Archéologique de Lima, 28 juin 2009)

Si certaines civilisations sont plus (ou autant) réputée pour leur maîtrise du tissage (Paracas, Nazca,...), de l'orfèvrerie (Lambayéque, Chimu,...), ou de l'architecture (comme les Incas...), toutes ont en commun la céramique. Si l'usage de l'argile (a des fins utilitaires) est beaucoup plus ancien, les premières céramiques appararaissent vers 1800/2000 avJC. C'est donc plus de 3000 ans d'histoire qu'elles nous racontent...

02a Nazca.jpgLa filiation (ou l'interaction) entre chacune de ces civilisations (ou "cultures") saute au yeux : La preuve en est cette "anse-étrier", si typique, que l'on retrouve de 1200 av.JC (Cupisnique et Chavin) à 1400 ap.JC (Chimu). Si certaines civilisations ont apporté de nouvelles techniques (ou d'éclatantes couleurs), d'autre sont parfois revenu à quelque chose de plus austère et symbolique (Chimu, Chancay), ce qui complique d'autant plus la "tracabilité" pour le simple amateur !

La dernière en date, celle des Incas, n'a d'ailleurs pas vraiment excellé dans la céramique, sans doute occupée qu'elle était à construire des monuments prodigieux...

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(ci-contre : Céramique Nazca ; Musée d'Art Précolombien de Cuzco, 23 juin 2009)

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Certaines de ces civilisations ont connu leur essor aux même dates, mais à des endroits différents (comme Cupisnique et Chavin), d'autres se sont suivies (Nazca après Paracas), et d'autres enfin ont parfois formé des "entités" (comme Tiahuanaco et Huari)...

 

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(Céramiques Mochicas ; A droite : Musée de Cuzco ; A gauche : Musée de Lima)
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(2 céramiques Huari ; Musée Archéologique de Lima, 28 juin 2009)

04b wari.jpgToutes ces céramiques ont un point commun : Malgré l'usage plutôt rituel de la production (les pièces finissaient bien souvent dans les sépultures ou dans les temples), elle représentent généralement des personnages, des êtres mythologique, des animaux, des scènes de la vie quotidienne, des plantes, des fruits, des maisons, etc... 

Les motifs et les formes des céramiques sont toujours hautement symbolique et appartiennent à un langage complexe exprimant les relations de l'homme précolombien avec son milieu, la nature et les dieux...

 

 

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(Céramique Chimu, Musée Archéologique de Lima, 28 juin 2009)
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(Céramique Chimu, Musée d'Art Précolombien de Cuzco, 23 juin 2009)
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(Céramique Chimu ; Tubercules ; Musée Archéologique de Lima, 28 juin 2009)

Ci dessous la liste des principales civilisations ou "cultures" (dans l'ordre chronologique) qui ont produit de très nombreuses céramiques de qualité : Celles en gras sont les plus fameuses pour la maîtrise de cet Art.

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Cupisnique (de 900 à 200 av.JC, sur le littoral)

Chavin (de 1200 à 200 av.JC, dans les andes)

Paracas (800 à 200 av.JC, sur la côte sud)

Nazca (de 200 avJC à 600 ap.JC, sur la côte sud)

Mochicas, ou Moche (de 100 à 600 ap.JC, dans les andes)

Tiahuanaco, ou Tiwanaku (de 500 à 900 ap.JC, dans les andes)

Huari, ou Wari (de 600 à 1000 ap.JC, dans les andes)

Lambayèque (de 700 à 1000, sur la côte nord)

Chimu (de 700 à 1400 apJC, sur la côte Nord)

Chancay (de 1100 à 1400, côte centrale)

Inca (de 1200 à 1500 ap.JC, dans les andes)

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Cette liste est bien sûr approximative : D'une part tout les archéologues ne sont pas toujours d'accord sur les dates, et d'autre part, certaines civilisations des "montagnes" se sont  developpées jusqu'à la "côte", et vice versa...

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(Céramique Chancay, Musée Archéologique de Lima, 28 juin 2009)
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(Céramique Inca, Musée d'Art Précolombien de Cuzco, 23 juin 2009)

19/08/2009

La céramique précolombienne au Pérou (1)

A bien regarder, nombre des posts précédent font la part belle à la civilisation Inca : C'est tout simplement dû au fait que ces derniers aient été les ultimes représentants d'une longue liste de cultures successives et qu'ils se soient, d'autre part, illustrés dans une architecture massive et très élaborée visible encore aujourd'hui sur les hauts plateaux andins.

Il est malheureusement réducteur de lire un peu trop souvent que les incas, dont la domination n'a duré en fin de compte qu'à peine plus d'un siècle, soit "La" référence civilisationnelle de cette grande Histoire de l'Amérique du sud.

D'autant plus que dans beaucoup de domaines, dont l'orfèvrerie, le tissage et la céramique, ils n'aient parfois pas atteint l'excellence d'autres peuples les ayant précédé !

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Culture Mochicas -ou Moche-, entre 100 av.JC et 700 ap.JC
Musée d'Archéologie et d'Anthropologie de Lima, 28 juin 2009

Avant de vous parler un peu de céramique, je voulais également apporter un éclairage sur le terme "précolombien" généralement utilisé à propos des Amériques et qui n'est, de toute évidence, pas le plus approprié : Christophe Colomb n'a en fait abordé les côtes vénézuéliennes qu'une seule fois et brièvement (c'était au cours de son troisième et avant-dernier voyage en 1500). Il ignorait évidemment qu'à trois mille kilomètres de là un grand Empire était alors à son apogée, et cela pour encore quelques dizaines d'années ! Il est aussi acquis que les vikings furent les premiers à mettre pied sur les côtes d'Amérique du Nord vers l'an mille, soit 500 ans avant Colomb...

Pour en revenir à l'actuel Pérou (et aux pays voisins), il faut donc plutôt parler de civilisations "préhispaniques", malgré tout ce que ce vocable induit comme connotations "conquérante et guerrière", bien moins valorisantes que celui de "précolombien" auquel on associe plutôt l'idée de grandes découvertes et du passage (en 1492) du Moyen-Age aux Temps modernes....

(A suivre...)

14/08/2009

La fin du voyage

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C'est donc ici, sur ce haut plateau magnifique, que se termine (de façon symbolique) ce périple d'un mois au Pérou et en Bolivie : C'est en tout cas ces images (d'une dernière journée passée dans la Vallée Sacrée) que je garderais vivante dans mon souvenir...

Nous repasserons bien sûr deux petites journée à Lima, afin surtout d'attraper notre vol retour. La capitale sera, comme à notre arrivée quelques semaines plus tôt, toujours enveloppée du "garao" cette grisaille humide et plutôt déprimante qui jure avec le franc soleil de la Cordillère... Ce sera alors surtout l'occasion de visiter quelques très beaux musées. 

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(26 juin 2009)
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J'ai posté 34 articles et plus de 500 photos : Je remercie les lecteurs assidus et leur commentaires encourageants, mais je crains aussi que ce foisonnement risque d'en déconcerter plus d'un à la rentrée !  :)

Ce voyage fût (il faut bien faire des choix) concentré sur le sud du pays, dans un circuit somme toute assez classique, que parcoure la majorité des touristes entre Lima et le Lac Titicaca.

S'il y a pourtant beaucoup d'autres lieux à découvrir au nord du Pérou (Chan-Chan, Chavin de Huantar, Sipan, Trujillo, Cajamarca, etc..), je suis intimement persuadé que ce sont les hauts plateaux chiliens et boliviens qui auront mes faveurs lors d'un prochain voyage...

L'altiplano m'a définitivement conquis ! 

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(26 juin 2009)
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11/08/2009

Les terrasses de Moray

C'était mon dernier jour dans la Vallée Sacrée.

J'avais prévu pour cette fin de séjour à Cuzco deux destinations que je n'aurais manqué sous aucun prétexte : Les terrasses de Moray et les salines de Maras.

Le soleil étant de la partie et les cars de touristes un peu moins (pour mon plus grand bonheur), j'ai vécu là une des plus belles journées de mon voyage au Pérou.

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(26 juin 2009)
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Sur les hauts plateaux andins, ce sont encores les ânes qui battent le blé de leurs sabots...
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Dans les récits de voyageurs, on découvre parfois une certaine confusion entre les noms de Maras, salines et Moray : Les salines devenant ainsi "marais salants" ou le village "Moras" !

Donc, juste pour remettre les choses en place : Maras est "le"petit village qui se trouve presque à équidistance entre les des deux sites. Moray est à 5km à l'ouest et les salines de Maras sont à 7km au nord... Pour les visiter, le moyen le plus simple est d'attendre un taxi à l'embranchement de la route qui vient de Cuzco. Pour le retour, j'avais demandé à ce dernier de me déposer à Moras après les visites, et c'est donc à pied (3km) que je suis retourné jusqu'à la route principale...

Alors que les terrasses que j'avais déjà découvert, à Pisac, Ollantaytambo ou au Machu Picchu étaient toutes accrochées à flanc de montagne, celles de Moray étaient creusées à même les collines, circulaires et édifiées au beau milieu de vastes étendues agricoles.

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Il était donc évident, même pour le néophyte que je suis, que leur construction n'avait en rien à voir avec le souci de maximiser la surface arable disponible !

En fait, il s'avère que Moray n'est rien que moins qu'un laboratoire à ciel ouvert. Les incas s'en servaient pour faire pousser, étudier et enfin sélectionner diverses cultures. Les terrasses concentriques, bien à l'abri des vents, restituaient durant la nuit la chaleur accumulée dans les murets le jour. Grâce à une ingénieuse irrigation (afin d'éviter que ne soient inondés les parties basses), les "savants" cultivateurs recréaient ainsi une profusion de microclimats : Des études ont démontré que la différence de température pouvait largement dépasser les 5° entre les différentes terrasses, alors que les constructions ne dépassent pas 30m de dénivelé !

Il est probable que le site produisît également des semences pour tout l'Empire...

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Système de marches encastrées dans le mur
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Moray (qui signifie "pomme de terre déshydratée" ou vient du mot "aymoray" qu'on peut traduire par "mois de mai" ou " champs de maïs") est doté de trois "amphithéâtres" dont un seul à été totalement restauré. Nous sommes là à 3500m, entouré de majestueux sommets dont le Chicon enneigé qui culmine à 5530m...

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(26 juin 2009)

09/08/2009

Pisac et la "Vallée sacrée"

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On découvre depuis la citadelle une vue superbe sur La Vallée sacrée. Nous sommes à environ 3000m d'altitude
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La "vallée sacrée" s'étend le long du Rio Urubamba. Les Incas considéraient ce rio, qui descendait des hauts plateaux andins et passait au pied du Machu Pichu, comme la source sacrée de l'Amazone.

(Ils n'étaient pas très loin de la vérité, ce qui était un exploit au vu de la complexité de ce réseau inextricable de centaines d'affluents. Ce n'est d'ailleurs qu'en 2001 que les spécialistes ont fini par se mettre d'accord sur "La" source officielle : Elle se situe au Nevado Misti, à plus de 5500m d'altitude, à quelques dizaines de kilomètres du Canyon de Colca !)

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la forteresse "s'accroche" à la montagne
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Le site s'étend sur 2/3 kilométres, que l'on parcours d'escaliers en sentiers, parfois même en passant par des tunnels creusés dans la montagne !
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(Pisac, 25 juin 2009)
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La Vallée sacrée, située à une cinquantaine de kilométres au nord de Cuzco, possède un climat particulier et propice à l'agriculture. Elle est donc vite devenue un des "greniers à grains" de la capitale. De par sa situation doublement stratégique (cultures et voie d'accès vers Cuzco), la vallée fût vite dotée de forteresses afin d'assurer sa protection. D'où les citadelles de Pisac, Urumbamba, Ollantaytambo et autres...

Toutes les citadelles avaient peu près la même structure, avec leurs zones militaire, sacrée et agricole. D'impressionnantes terrasses (andennes) tapissaient les versants jusque dans la vallée, pour à la fois limiter l'érosion de la montagne, maximiser les ressources en eau et ne pas perdre d'espaces si bénéfiques à la culture.

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Terrasses
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La Zone sacrée se trouve au sommet de la crête, côté sud
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Les bâtiments rectangulaires, aux pierres parfaitement polies, étaient probablement les habitations des prêtres. Au milieu des constructions on retrouve l'Intiwatana (le Temple du Soleil), reconnaissable à sa forme en "fer à cheval", avec en son centre la pierre sacré en guise d'autel.
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(Pisac, 25 juin 2009)

08/08/2009

Inti Raymi à Cuzco, le 24 juin

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L'Inti Raymi (de Inti/soleil et raymi/fête) était la cérémonie religieuse la plus importante du calendrier Inca. La Fête se déroulait sur 9 jours, avec force de danses et de sacrifices. Le point d'orgue, le 21 juin, correspondait à la date du solstice d'hiver et au commencement de la nouvelle année (c'était aussi l'occasion de conforter les origines mythiques de l'Inca, qui avait fini par se considérer comme le fils du soleil !).

La population, venant des quatre Quartiers de l'Empire, se réunissait pour l'occasion à Cuzco et c'est l'Inca en personne qui présidait à la cérémonie (Ce qui fut le cas jusqu'en 1535). Officiellement interdite par les autorités en 1572 (qui la jugeait par trop païenne), elle survit clandestinement quelques années avant de tomber dans l'oubli.

C'est en 1944 que la première reconstitution eut lieu, jusqu'à devenir la fête folklorique et surtout touristique que l'on découvre à présent. En effet, exit le côté sacré ou spirituel de l'exercice, seul subsiste aujourd'hui la "parade" populaire, d'ailleurs pas toujours convaincante (dû à un manque cruel de moyens et de professionnalisme).

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Début de la cérémonie, au pied du Coricancha : Arrivent les musiciens, les prêtres, les nobles, les guerriers, les vierges, etc...
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(Coricancha, 24 juin 2009)
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L'Inca apparaît en haut du Coricancha
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(Coricancha, 24 juin 2009)
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A l'époque, la cérémonie commençait sur la grande place de Cuzco (la Plaza de Armas actuelle). Tous feux éteints, les participant attendaient jusqu'à l'aube que le soleil (re)apparaisse. S'ensuivait des célébrations au Temple du Soleil (le Coricancha), puis un retour sur la grande place.

Aujourd'hui, le spectacle commence vers 9h au Coricancha, continue sur la Plaza de Armas et se termine dans l'après-midi à Sacsayhuaman (le site qui surplombe la ville) avec un sacrifice virtuel de lama.

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Début de la parade depuis le Coricancha jusqu'à la Plaza de Armas 
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Le condor, le puma et le serpent avaient une place privilégiée au Panthéon des Incas : Il représentait le monde des cieux, et donc des dieux, le monde du milieu, celui des hommes et enfin le monde souterrain...
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L'épouse de l'Inca
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Momie d'Inca... enfin une reproduction !!!
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Le prêtre et ses quipu (cordelettes à noeux qui servaient à compter)
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L'Inca sur son trône en or

Si les "comédiens d'un jour" défilent à pied du Coricancha à la Plaza, c'est en bus qu'ils font la deuxième partie du parcours !

La parade est ouverte à tous dans la ville, mais la dernière partie est plus exclusive. Il faut en effet débourser entre 60 et 100 euros pour prendre place dans les gradins montés pour l'occasion sur la grande esplanade de Sacsayhuaman. Ceux qui ne veulent pas payer ce prix abusif (comme moi !) se rabattront sur les collines alentours, avec une chance .... de ne pas voir grand chose !

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La parade reste fait un arrêt sur la Plaza de Armas
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La foule se rend à Sacsayhuaman
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Ceux qui n'ont pas payé regardent le spectacle depuis les collines environnantes, les plus chanceux riches depuis les gradins...
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J'ajouterais enfin que se sont les mêmes comédiens (entre 150 et 200) qui officient tout au long de la journée, et que de fait les tableaux, les costumes et surtout la musique (live) sont terriblement redondants !

20 secondes en musique !!!

05/08/2009

Le Machu Picchu

 

DSC_5031bbb.jpg(clicquez sur la photo pour l'agrandir)

J'en avais si souvent rêvé, ... je le découvrais enfin !

A défaut d'avoir choisi la voie royale (le trek du Chemin de l'Inca), je tenais tout de même à "peiner "un tout  petit peu pour l'atteindre, comme si je devais le mériter !

C'est pour cette raison que je m'étais levé ce matin là à 3h30. C'était peut être un brin trop tôt, mais je désirais absolument arriver parmi les premiers devant l'entrée du site pour l'ouverture des portes (à 6h...).

Armé d'un petit sac à dos et d'une lampe frontale, je sortais du village (Aguas Calientes) en longeant le torrent. Il faisait nuit noire. Je commençais mon ascension en croisant quelques chiens errants (et un peu faméliques), ce qui n'était pas fait pour me rassurer. Mais quelle idée de partir seul ?

Après plus d'une 1h30 d'ascension, j'atteignais les portes du Machu Picchu, précédé seulement par une petite dizaine de jeunes marcheurs qui m'avaient doublé sur la fin de la montée !!!

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(22 juin 2009)
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On voit aisément sur cette photo les portes et les fenêtres trapézoïdale, typique des constructions incas.
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Les assemblages de pierres surprennent toujours, mais j'avoue que ce "demi-escalier" m'a laissé coi ! D'aucun aurait totalement taillé dans le rocher pour y inclure l'escalier. Mais non !, on cherche là à respecter l'existant...
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Le temple des "Trois-Fenêtres" : La seule construction vraiment "cyclopéenne"du site ! Les ouvertures sont taillés d'une manière parfaite dans d'énormes blocs...
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Malgré l'étendue du site, j'avais décidé de ne pas prendre de guide. D'une part pour ne pas à avoir à courir derrière lui (j'avais tout le temps), et d'autre part parce qu'il me semblait avoir déjà fait depuis des lustres le tour du propriétaire !

Je ne tenais pas vraiment non plus à entendre quelques nouvelles anecdotes ou théories oiseuses...

Car il faut bien l'avouer, si on commence à bien comprendre la vie au quotidien dans la cité, nul n'a pu déterminer de façon définitive l'utilité même de cette dernière. L'idée d'un ouvrage militaire ne tenant pas la route, les archéologues lui attribuent généralement deux fonctions : Résidence de l'Empereur, doublée d'un sanctuaire religieux... 

Peuplée de 300 à 1200 habitants selon les estimations, elle à tout d'un grand village. Ses 172 constructions (lieux de culte, habitations, réserves,..) sont répartis selon un schéma bien précis : Zone sacrée, quartier des notables, des artisans, des agriculteurs, etc... C'est souvent la qualité de la construction qui nous renseigne sur son usage.

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Le Torreon (ou Temple du Soleil) semble être juste posé sur l'énorme rocher ; Au dessous se trouve le "tombeau royal".
La fenêtre du temple, orientée plein Est et sûrement ornée à l'époque d'or et d'argent, laissait passer le premier rayon de soleil du solstice d'hiver...
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Sous la tour, on trouve comme une sorte de caverne. On reste sans voix devant cet ensemble où se mêle à la fois la pierre naturelle brute, la roche taillée dans la masse et une maçonnerie presque irréelle !
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Le Machu Picchu possède également de nombreuses esplanades et 16 fontaines, sans oublier les fameuses terrasses qui sont indissociables à la magie des lieux.

Et quelle magie !!!

Bien quelle ne soit pas la seule "cité perdue" (Choquequirao n'est qu'à 70km ! ), le Machu Picchu n'a cessé, depuis sa (re) découverte en 1911, de fasciner. Peut-être parce qu'il concentre à lui seul toute la grandeur et les mystères de la civilisation Inca.

Citadelle secrète et inexpugnable, bâtie sur une crête qui surplombe (à 700m) la rivière Urubamba, "la vieille montagne" est comme un joyau au centre d'un écrin de sommets encore plus hauts. En parcourant le site, on fini vite par oublier les grandes difficultés auxquelles ont du faire face les bâtisseurs, tellement on est impressionné par l'harmonie générale qui s'en dégage. Un peu comme si la ville avait été délicatement posée là, et le piton rocheux traité non comme un ennemi qu'il fallait vaincre, mais comme une entité respectueuse avec laquelle il fallait composer...

On retrouve cette vénération de la nature dans la zone sacrée, dédié à Inti, le Dieu Solaire : Plusieurs temples dont le Torreon ("Temple du Soleil "ou "tombeau royal")  précèdent l'Intiwatana (à la fois observatoire et calendrier solaire) qui domine la cité (dont d'ailleurs toutes les constructions sont orientées plein Est !).

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Le fameux observatoire et calendrier solaire : L'Intiwatana (ou Intihuatana). Son nom signifie "le lieu ou l'on attache le soleil" ou "qui accroche le soleil...
Adolescent, j'ai longtemps pensé que cette mystérieuse pierre taillée (à l'aspect si "moderne") devait être une sorte d'autel sacrificiel...
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On devine sur cette petite roche (située près de l'intiwatana) les mêmes formes que les montagnes situeés au loin ! 
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Tout bon marcheur désire gravir le Wayna Picchu, la montagne en forme de pain de sucre qui surplombe le site.
Il faut une petite heure de grimpette parfois ardue pour découvrir une vue magnifique de la cité, 300 métres plus bas !
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On apperçoit la piste en lacet empruntée par les bus pour accéder au site. Encore plus haut, on devine le "chemin de l'inca" qui part du haut des ruines et rejoint la crête de la montagne...
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Les escaliers sont parfois abruptes et étroits, et donc passablement dangereux sous la pluie !
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La rivière Urubamba coule au fond de la vallée, près de 1000 mètres plus bas !
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La cité ressemble étrangement, vue d'en haut, à un volatile. On pense évidemment tout de suite au Condor !
Certains prétendent même que la ville (si on la regarde depuis les sommets opposés) a la forme d'un puma dont l'estomac serait la carrière et l'anus l'entrée de la cité (voir ICI) !!! Les mystères du Machu Picchu ont encore de beaux jours...
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Comme souvent en milieu de journée, les nuages, qui ont réussis à passer au dessus des montagnes alentours, viennent se déverser sur le site. C'est le signe pour moi du retour, mais cette fois ci en bus !!!
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Un visa de plus ! Je sais, c'est pas glorieux (ni même peut-être autorisé), mais je me suis laissé tenté :)

30/07/2009

Sacsayhuamàn

 
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(Alpaga à Sacsayhuaman, 20 juin 2009)
 

4a sacsayhuaman.jpg"Le Net m'a tuer !"

C'est ce que je pourrais tracer en lettres d'or (et non de sang, faut tout de même pas exagérer !) ou graver dans le marbre, après plusieurs jours passés à fouiller des centaines de sites explicitant le pourquoi et le comment des ruines de Sacsayhuaman...

Naturellement méfiant quant à toutes les affirmations définitives du Net, j'ai été cette fois-ci définitivement scotché !

Si un seul mot devait définir mon profond désarroi à l'issue de ces recherches, je choisirais probablement "vacuité" : L'état de ce qui est vide...

S'il je pouvais en choisir plusieurs, je n'aurais que l'embarras du choix : Plagiat, redondance, resucée, lieu commun, etc...

Une des raisons de mon désappointement tient surtout au fait que certaines affirmations (comme par exemple le nom des trois architectes successifs, les 30000 hommes sur le chantier et les 60 années nécessaire pour mener à bien ce dernier) sont à chaque fois reprises dans la même forme, et avec les mêmes mots... On se retrouve très vite dans le douteux royaume du copié/collé, dont certains bloggeurs usent et abusent sans vergogne.

A la fin de quoi on finit par douter de tout ce que l'on découvre au fil des pages... 

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Sacsayhuaman, avec au premier plan les 3 murailles ; Au fond, dans la vallée : Cuzco
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Il faut bien sûr aussi compter avec certains guides d'opérettes, qui rêvent tout haut (et ont parfois le bon mot pour faire sourire ; l'anecdocte croustillante qui fait oublier le pénible escalier) mais dont les touristes boivent naïvement les paroles avant d'ingénument les colporter. 

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Mètre-étalon d'un jour, juste pour vous donner une idée de la taille des pierres !
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Les seules informations indiscutables concernant Sacsayhuaman restent sa position géographique (le site surplombe la ville de Cuzco, à environ 2km au nord-nord-ouest de la Plaza de Armas), la réalité des ruines que l'on peut y admirer (à commencer par les 3 murailles cyclopéennes construites en dent de scie) et le fait que l'ensemble ait été construit par les Incas.

On ne peut non plus douter que le lieu fut le théâtre, en 1536, d'une féroce bataille : Elle opposa les conquistadors (installés à Cuzco) à Manco Capac, qui tenta vainement à cette occasion de renverser les assiégés et reprendre sa ville. 

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Les murailles ont des angles parfaitement arrondis
 
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Pour le reste, il faudra trier dans tout le salmigondis disponible sur la toile.
 

- quant au "mensurations" du site, les murailles font, selon les sources, entre 300 et 600 mètres de longueur (il semble que le premier chiffre soit le plus raisonnable)

 

- quant aux quelques pierres les plus imposantes, les poids varient selon les uns ou les autres de 125 à 350 tonnes : On n'est pas à 200 tonnes près pour le même gros caillou !

 

- quant à la signification du mot "Sacsayhuaman", on frise l'hallucination : J'ai trouvé pêle-mêle des "lieu ou repose le puma", "dent de puma", "tête grise ou décoiffée", "faucon satisfait" ou "faucon de marbre", et même un "crinière du lama" !!! (no comment)

 

- quant à l'affirmation que le ville de Cuzco avait une forme de puma, dont Sacsayhuaman serait la tête et les fameuses murailles les dents acérées du félin, je n'ai trouvé ni source fiable, ni l'ébauche d'un croquis pour la conforter. J'ajouterais d'ailleurs que certains, encore plus savant, voient en Coricancha (l'ancien temple du soleil de Cuzco transformé en monastère par les espagnols) les "partie génitales" de la bête !

 

- quant, pour finir, à l'utilité même du site, certains ne retiennent toujours que son côté défensif (forteresse) quand d'autres lui accordent une dimension un peu plus spirituelle.  En effet, il semble peu probable que les incas aient passé des dizaines d'années à construire un mur si beau et si parfait pour ne protéger qu'une infime partie de leur capitale ! 

 

Ce ne sont là que quelques exemples, mais ils donnent le ton.

 

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Vue depuis la seconde terrasse
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On voit bien ici les murailles en dents de scie...
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En ce 20 juin avaient lieu les répétitions pour la Fête du soleil du 24, au milieu de tribunes montées pour l'occasion
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04 sacsayhuaman.jpgMalgré ce constat un peu désabusé, il faut néanmoins resté confiant. Des dizaines de fouilles ont lieu sur le site (et tout autour, sur des centaines d'hectares) et les archéologues sont en train de patiemment reconstituer cet incroyable puzzle. 

Je suis d'autre part persuadé que de nombreux textes, écrits par quelques conquistadors moins vénaux que d'autres, croupissent encore dans les bibliothèques du vieux continent, et réapparaîtront un de ces jours. 

Il faut juste un peu de temps...

Sacsayhuaman (que des centaines d'internautes top-fun conseillent au passage de prononcer "sexy woman" : Tant que le ridicule ne tue pas !!!) est néanmoins un lieu vraiment extraordinaire, à la fois par son gigantisme, mais aussi par le mystère qui s'en dégage.

Il surpasse, et de loin, le Macchu Picchu, quant à son rôle unique : Site cultuel majeur de Cuzco, il était probablement le coeur même de l'Empire, le réel centre cosmogonique de la civilisation Inca.

Il fut dépecé au fil des siècles par les conquistadors afin de bâtir la nouvelle Cusco, et on ne peut que se réjouir aujourd'hui, qu'un peu à l'instar des Pyramides, ces merveilleuses structures cyclopéennes n'aient dû leur survivance qu'aux géniales techniques (encore inconnues) qui présidèrent à leur érection...

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De l'autre côté de l'esplananade, faisant face au murailles, une colline rocheuse. A de nombreux, endroit, les incas ont taillé dans la masse pour des raisons qui nous sont en grande partie inconnues...
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Un des pans de la colline est fait de roche lisse, comme si on avait étiré la matière !
Les touristes improvisent rapidement un toboggan...
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(Alpaga à Sacsayhuaman, 20 juin 2009)
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(Mea culpa)
 
J'ai ajouté la photo ci-desous 20 jours après avoir écrit ce post.
J'ai fait personnellement le tracé sur Google Earth,
après avoir trouvé de nouvelles informations sur le Net.
Cela tenterait à prouver que, contrairement à ce que j'avance plus haut,
la ville de Cuzco avait peut-être à l'origine la forme d'un puma.
Le "dessin" n'aurait pas vraiment de sens vu de Sacsayhuaman,
mais peut-être un peu plus depuis les collines au sud-est.
 
Je vous laisse seuls juges...
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28/07/2009

Jours de Fêtes à Cuzco

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Le calendrier Inca (comme beaucoup d'autres !) était principalement ponctué par les 2 solstices et les 2 équinoxes, le point d'orgue étant le jour le plus long de l'année, en l'occurence le solstice d'hiver (dans l'hémisphère sud).

C'est à l'occasion de ce solstice qu'étaient organisées, autour du 21 juin, les plus importantes manifestations de l'Empire, dont l'incontournable Inti Raymi : La Fête du Soleil..

Les Espagnols, trouvant ces célébrations un brin païenne (le mot est faible !) mais ne pouvant difficilement se résoudre à les abolir, déplacérent d'un coup d'un seul le fameux solstice trois jours plus tard, le 24 juin, afin qu'il coincide avec la Fête de la Saint-Jean, décidément plus présentable !

Quand dans les années 40 (du siècle dernier), les péruviens remirent l'Inti Raymi au goût du jour, ils conservèrent évidemment cette date.

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C'est à Cuzco (capitale historique oblige) que les différentes manifestations, étalées sur plusieurs jours, sont les plus hautes en couleur. N'étant pas au fait d'un calendrier précis, le touriste moyen (moi, quoi !) découvre chacune d'entre elles un peu au hasard, souvent prévenu par le rythme entêtant des fanfares qui sillonnent la ville. C'est bien sûr la Plaza de Armas qui reste, comme à l'époque inca, le centre des festivités.

Pendant plusieurs jours, matin midi ou soir, c'est là que va défiler le "tout cuzco" : Tour à tour les écoles (des plus petits au plus grands), les associations, les municipalités, les provinces, les entreprises (publiques ou privées), etc.., chacun avec sa formation musicale, ses costumes, sa chorégraphie, ... et parfois même des chars !

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J'aurais la chance d'être présent le 20 juin au feu d'artifice, suivi d'un grand concert populaire (très arrosé !), mais pas les deux jours suivant, pour cause d'ascension du Machu Picchu !

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La jeunesse bouscule parfois un peu la tradition !
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(Photos : Cuzco, entre le 20 et le 26 juin 2009)