blog - pat l'expat à Paname

(Paris, 06 novembre 2010)

Avant de quitter Mexico, voici quelques photos du très interessant musée du Templo Mayor que l'on visite après avoir découvert les ruines. En plus des pièces archéologiques découvertes sur le site, le musée resitue l'enceinte sacrée aztèque dans son contexte géographique et surtout, bien sûr, historique.

(Céramique représentant le Dieu de la Pluie, Tlaloc)

(Le Chac-Mool servait probablement de pierre sacrificielle, le plateau étant destiné à recevoir le coeur des victimes)

 

(Tête d'une statue en argile de "guerrier aigle", retrouvée dans la Maison des Aigles. Ces guerriers, les plus "efficaces" sur le champ de bataille, portaient un casque en forme de tête d'aigle, leur visage émergeant du bec de l'animal)  

(Musée du Templo Mayor, Mexico, 24 août 2010)

(A gauche, urne funéraire ; A droite, couteau de sacrifice en silex)

Deux imposants monolithes sont les piéces maîtresse du musée. On les découvre du haut d'une mezzanine. Un éclairage ingénueux nous permet de les découvrir parées de leurs couleurs d'origine...

"Un jour que la pieuse Coatlicue était en prière dans un temple, une balle de plumes lui tomba sur la poitrine. Quelque temps plus tard, sa fille, Coyolxauhqui, s'aperçut que sa mère était enceinte.

Furieuse et croyant au déshonneur de sa mère, la fille poussa alors ses frères à décapiter leur mère.

C'est alors qu'Huitzilopochtli (NDLR : Dieu de la Guerre et du Soleil) naquit, sortant tout armé et peint en bleu du ventre de sa mère. Il tua sa sœur, ses frères et tout ceux qui avaient comploté contre sa mère."

(Ce petit film de 45 secondes vous montre les changements de couleurs sur le monolithe)

(Musée du Templo Mayor, Mexico, 24 août 2010)

(Templo Mayor, Mexico, 24 août 2010)

Comme son nom l'indique, le Templo Mayor était à la fois le monument majeur de la capitale aztèque, mais représentait aussi, bien au delà, le centre cosmogonique de l'empire. 

Il se situait, comme nous l'avons vu dans le post précédant, dans l'enceinte sacrée, et ses temples jumeaux des dieux de la guerre et de la pluie dominaient la ville, à environ 65 mètres de hauteur.

Les archéologues savaient depuis longtemps que l'actuelle Place de la Constitution (le Zocalo) se situait peu ou prou à l'emplacement de l'ancienne enceinte sacrée. Ils étaient aussi persuadés que si vestiges il y avait, ils devaient se trouver sous la cathédrale ou le Palais National, et donc impossible à excaver !

C'est donc un peu par hasard qu'en 1978, suite à d'ordinaires travaux de voirie, que des ouvriers firent les découvertes déterminantes qui allaient décider le gouvernement à raser tout un quartier pour poursuivre les recherches.

(Les vestiges de la "phase II" de la construction sont les mieux conservés. On voit bien le haut du double escalier et les deux temples séparés. A gauche devant le sanctuaire de Tlaloc, le dieu de la pluie, on peut voir un Chac Mool)

(Le Chac Mool, personnage couché, s'appuyant sur ses coudes, les jambes repliées et tenant sur le ventre un plateau ou un récipient -probablement destiné à recevoir le coeur des victimes sacrifiées-, se retrouve aussi chez les Mayas et les Toltèques...)

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Une fois le Templo Mayor "redécouvert" il devenait alors plus aisé de reconstituer le plan de la ville (d'après les récits et les plans des conquistadors) et voir ainsi se confirmer que la plupart des autres temples de l'enceinte se situaient effectivement sous l'actuelle cathédrale !

Comme je vous l'ai déjà précisé, la visite des ruines est d'un intérêt très limitée pour le profane, et il faut une bonne dose d'imagination (et pas mal d'explications en amont) pour imaginer la pyramide et ses alentours.

D'autant plus que le Templo Mayor est constitué de "plusieurs couches", maçonnées les unes sur les autres en un peu plus de cent ans, ce qui brouille encore un peu plus une bonne compréhension de l'ensemble.

(Templo Mayor, Mexico, 24 août 2010)

(Quetzalcoatl, le "Serpent à plume", était le dieu de l'étoile du matin. Il était aussi considéré comme l'inventeur des livres et du calendrier, comme celui qui avait offert le maïs à l'humanité, et quelquefois comme le symbole de la mort et de la résurrection. Quetzalcoatl était aussi le dieu tutélaire des prêtres et son nom était le titre porté par le grand prêtre des Aztèques)

(L'autel des Crânes : Ceux des ennemis étaient conservés comme trophées de guerre et déposés là lors de rituels qui symbolisaient la mort ainsi que la renaissance)

(Statues datant de la "phase III" de la construction, vers 1431)

Un musée, ouvert en 1987, jouxte le site et met superbement en valeur les découvertes faites depuis vingt ans.

Les recherches quant à elles continuent bien entendu sur le site et permettent d'année en année d'affiner les connaissances sur cette incroyable civilisation...

(Cliquez pour l'image en plein écran) 

J'aurais peut-être dû titrer "Tenochtitlan rouge sang", en jouant sur la réalité des sacrifices humains assez courant chez les Aztèques, mais c'eut été un brin racoleur !

Inconséquent, j'aurais pu aussi naïvement choisir "de Teotihuacàn à Tenochtitlan", juste histoire de vous embrouiller encore un peu plus ! (il faut dire que les deux villes se situant à moins de 40 km l'une de l'autre, on se mélange facilement les pinceaux ;)

Pourtant il est assez simple se s'y retrouver : De Tenochtitlan, capitale des Aztèques pendant près de 200 ans, il ne reste pratiquement rien, si ce ne sont les modestes vestiges du Templo Mayor, mis au jour un peu par hasard au cours du 20ème siècle dans le centre ville de Mexico !

Je tenais donc à vous montrer aujourd'hui un petit aperçu de la ville telle que les conquistadors la découvrirent en cette année 1519, afin que vous puissiez resituer plus aisément les maigres ruines (du prochain post) dans leur contexte !

Tenochtitlan était composée de quartiers réguliers entourés de canaux. En son centre l'Enceinte sacrée abritait une quarantaine de bâtiments publics.

On estime sa population entre 200 000 et 500 000 habitants à l'arrivée des espagnols, ce qui en faisait évidemment la plus grande ville du continent américain (Cuzco, la capitale des Incas comptait moins de 100 000 habitants !), mais aussi l'une des plus grandes au monde, devant Paris ou Séville !!! (Paris en 1500 n'avait "que" 150 000 habitants...)

On reconnait le Templo Mayor aux escaliers jumeaux qui mènent aux deux temples du sommet. En effet on honorait ici, côte à côte, les deux divinités les plus importantes du panthéon aztèque : Huitzilopochtli (à vos souhaits !), le dieu de la guerre et Tlaloc, celui de la pluie.

Le temple mesurait environ 90 mètres de côté et l'Enceinte sacrée (qui correspond aujourd'hui au Zocalo de Mexico) environ 300 mètres...

Le Zocalo (où Place de la Constitution) est l'une des plus vastes places du monde, située au coeur de la ville la plus peuplée (en "concurrence" avec New-york) du continent américain : Mexico.

Ce nom de Zocalo ("socle" en espagnol) nous rappelle qu'un piedestal en marbre fut déposé au milieu de la place au 19ème aux fins d'ériger une colonne : Le projet n'a jamais abouti, le socle a disparu ... et le nom est resté !

Pour mon plus grand bonheur (mais malheureusement que pour quelques heures), je passais par là vers la fin du mois d'août...

(Le Palais du gouvernement, à l'Est du Zocalo, a été construit au 16ème sur les ruines du Palais de l'Empereur Aztéque Moctézuma)

(Toujours sur la place, au Nord, la Cathedrale Métropolitaine : Des ingénieurs continuent à se mobiliser pour empêcher la tour extérieure de s'enfoncer dans le sol un peu trop meuble de l'ancienne cité lacustre)

Mais que vient donc faire alors "Tenochtitlan" dans cette affaire ?

Faisons un petit retour dans le passé :

Il y a tout juste 500 ans (en 1511) Diego Vélasquez, aidé d'Hernan Cortez, colonisait Cuba.

A peine 20 ans plus tôt (en 1492), Christophe Colomb débarquait sur l'actuelle île de San-Salvador aux Bahamas, "découvrant" ainsi l'Amérique (et non les "Indes", comme il en resta toujours persuadé !).

Il y a donc 500 ans, aucun occidental  n'avait encore foulé le sol du continent américain (mis à part peut-être quelques vikings, plus au nord, sur les côtes de l'actuel Canada), et personne n'avait jamais non plus entendu parler ni des Mayas ni des Aztèques, ... et encore moins des Incas.

(Car, comme tout le monde le sait, ces derniers sont un peuple d'Amérique du Sud qui sera lui aussi "exterminé" 15 ans plus tard par un autre conquistador : Pizarro. Ce que l'on sait moins en revanche c'est que Pizarro était aussi cousin au deuxième degré... du susnommé Hernan Cortés !)

Les îles d'Hispaniola (l'actuelle Saint Domingue-Haïti) et Cuba dans leur escarcelle, les conquistadores espagnols auront alors très vite des ambitions de pousser encore plus à l'ouest : En effet, des expéditions (menées en 1517 et 1518) qui reviennent alors du Yucatan rapportent un petit peu d'or, ...mais surtout beaucoup de récits extraordinaires...

Déroulé de la conquête espagnole : L'Ile de San Salvador est abordée par Colomb en 1492, puis colonisation d'Hispaniola et de Cuba les 20 années suivantes, avant de s'attaquer enfin au continent...

C'est le 10 février 1519 que Cortés quitte Cuba, avec 11 navires, 32 chevaux et près de 900 soldats, marins et esclaves noirs (l'esclavage en provenance d'Afrique a en effet déjà commencé !), à la conquête de l'actuel Mexique.

Huit mois plus tard (le 08 novembre), il est le premier "blanc" à entrer dans la majestueuse cité lacustre de Tenochtitlan, la capitale des Aztèques, dont le Templo Mayor et le Palais de l'Empereur (à la fois centres religieux et politique de l'Empire) sont exactement situés à l'actuel emplacement du Zocalo !

Me voici donc, en ce 24 août 2010 (et grâce à une imagination débordante jamais prise en défaut), au coeur même  de l'ancien monde Aztèque, ... 491 ans après Cortés !